Après un rallye extraordinaire en 2022, le roi dollar rentre dans le rang et va continuer à le faire tout au long de l’année. Seule une récession majeure pourrait le renforcer. Explications.
Pourquoi le dollar vivra une année 2023 compliquée

Pourquoi est-ce important ?
Le dollar a été tellement de fois enterré, mais il reste la monnaie du monde par excellence. Il ne s'agit pas ici de remettre en doute cette domination. Mais le dollar devrait subir une nouvelle correction suivant un ensemble d'événements conjoncturels.Dans l’actu : la dégringolade du dollar.
- Depuis son sommet de septembre 2022, le dollar a perdu 8,3% de sa valeur.
- Le billet vert connait son pire début d’année depuis 2018.
- Et ce n’est pas fini : les analystes de Goldman Sachs estiment que la devise est entre 5% et 15% au-dessus de sa juste valeur, en raison de sa très bonne forme ces dernières années.
Les investisseurs pensent que le dollar va encore baisser, parce que la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait annoncer en mai sa dernière hausse des taux d’intérêt, après un cycle exceptionnel qui aura fait monter les taux directeur au-delà des 5%.
Les causes : qu’est-ce qui va encore faire plonger le dollar ?
Outre la fin de la hausse des taux d’intérêt, on retrouve :
- La faible croissance américaine, notamment par rapport à l’Asie et à l’Europe.
- Les inquiétudes concernant le système bancaire américain.
- Un éventuel défaut de paiement de la dette américaine.
- L’arrivée d’une probable récession à la fin de l’année.
Tant mieux ?
L’essentiel : une bonne nouvelle pour beaucoup de monde.
Un dollar faible est une excellente nouvelle pour une bonne partie de l’économie mondiale. Après tout :
- Un dollar faible réduit les coûts des matières premières qui se négocient en dollars. Ce qui peut booster le commerce mondial.
- Un dollar faible réduit les coûts liés au remboursement de la dette en dollars (pays émergents, en développement et entreprises).
60% des passifs mondiaux sont libellés en dollars, analyse le Wall Street Journal. Et la plupart de ces passifs se trouvent dans les pays émergents. Or les pays émergents ont été responsables de deux tiers de la croissance mondiale au cours de la dernière décennie. Et ce sera encore le cas cette année : 70% du potentiel de croissance se trouvera en Asie. La Chine et l’Inde devraient être à l’origine de plus de la moitié de la croissance mondiale en 2023, selon le FMI.
L’euro
À noter : l’euro devrait également en profiter.
- La BCE n’a pas fini son cycle de hausse des taux d’intérêt : les taux devraient grimper encore au moins deux fois.
- Amundi prévoit une nouvelle hausse de 7% de l’euro cette année, à 1,18 dollar contre 1,10 dollar.
- En conséquence, de nombreux capitaux devraient être rapatriés cette année : alors que 300 milliards d’euros ont déjà afflué depuis juin dernier, le flux total pourrait avoisiner les 2.000 milliards d’euros.
Mais…
Un seul cas de figure pourrait renforcer le dollar : une forte récession.
- Si la politique des banques centrales à travers le monde pour combattre l’inflation va trop loin, c’est le risque de hard landing qui se profile. Autrement dit : une forte récession.
- Dans ce cas précis, le dollar devrait rejouer son rôle de valeur refuge. En 2022, suite à l’incertitude de la guerre en Ukraine, le dollar a été vu comme la valeur refuge par excellence, bien plus que l’or par exemple.