Pourquoi la Vivaldi pourrait vivre un été chaud

Deux petites bombes se sont glissées sous le gouvernement Vivaldi, à quelques semaines des vacances. La première concerne l’accord interprofessionnel (AIP) qui vient de connaitre un énième rebondissement. La deuxième concerne une mesure phare du gouvernement Michel, qui est aujourd’hui remise en cause par les socialistes.

Pourquoi est-ce important ?

Il était écrit que ce gouvernement Vivaldi connaitrait quelques embrouilles. Un accord de gouvernement laisse toujours place à des zones d'ombre et donc sujet à interprétation. Plusieurs dossiers successifs ont exacerbé les tensions entre partenaires. Le dossier du voile qui s'est invité au fédéral, des négociations tendues pour trouver un accord social, et maintenant une mesure du précédent gouvernement qui concerne les employeurs. Souvent, ce sont les mêmes protagonistes : socialistes (et écologistes) contre les libéraux (surtout francophones). Pour le moment, la majorité tient bon. Mais pour combien de temps ?

Bombe 1 : la FGTB sort la calculette

  • L’accord social entre patrons et syndicats a été obtenu de haute lutte et a nécessité plusieurs interventions de la Vivaldi.
  • Globalement, ce sont les socialistes qui ont pu triompher. Leur trophée sur la hausse du salaire minimum a pu être dressé et a été salué par le syndicat tout à gauche de l’échiquier politique : la FGTB.
  • Ce mardi, les trois syndicats devaient soumettre le projet d’accord à leur base. Si cela a plus ou moins été une formalité pour les syndicats chrétien (CSC) et libéral (CGSLB) – sans avoir affiché non plus un très grand enthousiasme – on sentait que les choses allaient se corser du côté du syndicat socialiste.
  • Et pourtant, d’un fil, les militants de la FGTB ont entériné l’accord. Plus de retour en arrière.
  • Le ministre fédéral du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), en charge du dossier, se félicitait d’avoir su convaincre ce syndicat pourtant si réfractaire. La paix sociale était acquise.
  • Mais les comptes ne sont pas bons. Faut dire que la différence était faible: avec 49,06% pour le « oui », et 49,01% pour le « non » du côté de la FGTB. Mais voilà, près de 4.000 voix de jeunes militants n’ont pas été prises en compte. Et ces jeunes se sont prononcés massivement contre l’accord. Si leurs voix sont toutefois pondérées, leur nombre ferait lui basculer le vote. La FGTB doit officiellement communiquer à ce sujet ce jeudi après-midi.

Et maintenant ? Le gouvernement peut se passer de l’avis de la FGTB. Le Groupe des Dix a conclu un accord. L’acceptation par la base des syndicats reste non contraignant. Mais les socialistes se mettront à dos une partie de la gauche, à laquelle le PTB fait déjà les yeux doux depuis longtemps. Va-t-on repartir vers une nouvelle salve de négociations ou une intervention des socialistes ?

Bombe 2 : le « zéro-coti » remis en cause

  • Nouveau terreau pour un affrontement entre socialistes (et écologistes) et libéraux: la mesure dite « zéro coti ». Elle a été instaurée par le gouvernement Michel. Elle bénéficie aux employeurs qui ne doivent verser aucune cotisation pour leur premier employé à vie. Cette mesure leur permet aussi de recevoir des réductions substantielles pour les 5 engagements suivants.
  • Problème: ce « cadeau aux employeurs » coûte très cher aux finances publiques. Le précédent gouvernement avait évalué son coût à 200 millions d’euros. Mais la Cour des comptes est arrivée avec un tout autre bilan: plus de 500 millions d’euros entre 2016 et 2020. Et d’ici 2024, le coût pourrait même grimper à 1 milliard d’euros par an !
  • Les socialistes Dermagne et Vandenbroucke auraient entamé les procédures pour faire cesser cette mesure, révèle La Libre. Ce qui a fait bondir (une nouvelle fois) le président du MR, Georges-Louis Bouchez : « Si cette fuite est exacte, il doit s’agir d’une erreur de rédaction des ministres socialistes car cette proposition est totalement contraire à l’accord du gouvernement qui prévoit le maintien à vie de la mesure. »
  • Pour le moment, pas de réaction du côté socialiste, mais bien du côté d’Ecolo, pour qui une réévaluation de cette mesure se trouve bien dans l’accord: « L’accord de gouvernement prévoit que la mesure « zéro cotisation à vie » soit bien évaluée au cours de 2021. Ce sera d’ailleurs bien nécessaire vu l’analyse du mécanisme par la Cour des comptes », a réagi Gilles Vanden Burre, le chef de groupe Ecolo à la Chambre.

L’essentiel : Comme en 2020, lorsque les négociateurs tentaient de former un gouvernement après des mois de crise, l’été 2021 s’annonce chaud. Pas encore un an de gouvernement, et le MR est de plus en plus appelé par ses militants à prendre ses responsabilités et à sortir le cas échéant de la majorité.

Débrancher la prise, un exercice toujours dangereux pour celui qui s’y risque… Mais est-ce que ce gouvernement a pour vocation d’aller à son terme ? Pour qui a suivi les négociations un an plus tôt, ce n’est pas forcément très clair.

Pour alle plus loin:

Plus