L’inflation belge a diminué de 2 points de pourcentage entre janvier et février, selon les chiffres de l’office européen de statistiques Eurostat. Nulle part en Europe l’inflation n’a diminué plus fortement le mois dernier que dans notre pays. Koen De Leus, chef économiste chez BNP Paribas Fortis, en explique les raisons.
Le détail : Selon le calcul d’Eurostat, également appelé indice des prix à la consommation harmonisé, l’inflation belge en février s’élevait à 5,4%. En janvier, elle était encore de 7,4%. Dans aucun autre pays européen, l’inflation n’a diminué aussi fortement le mois dernier.
- De Leus fait remarquer que cette baisse remarquable est due à la rapidité avec laquelle une modification des prix de l’énergie est répercutée sur l’utilisateur final. « En Belgique, cela se fait très rapidement. Nous devons donc cette énorme atténuation à la baisse des prix du gaz », explique-t-il. « Cela explique également pourquoi nous avons vu une augmentation si importante de l’inflation en Belgique l’année dernière. »
- « Dans de nombreux autres pays, il faut du temps avant que la baisse des prix du gaz et de l’électricité se fasse sentir dans l’inflation », poursuit le chef économiste.
En outre, l’inflation de février 2023 est une comparaison sur base annuelle avec février 2022. Or, l’année dernière, la Belgique luttait contre la 4e inflation la plus importante de l’UE, à 9,5%.
Cependant, le revers de la médaille est que l’inflation sous-jacente continue de légèrement augmenter. « Les différences entre la Belgique et les autres pays européens sont beaucoup moins importantes à cet égard », selon De Leus.
- En effet, l’inflation sous-jacente ne tient pas compte des prix de l’énergie et des denrées alimentaires non transformées.
- Les producteurs répercutent les coûts encourus, notamment les prix de l’énergie et les coûts salariaux, sur l’utilisateur final. Dans ce cas, il s’agit d’effets de second tour. « Nous le constatons principalement lorsque nous examinons les produits alimentaires transformés », poursuit De Leus. « Ces prix ont explosé au cours des derniers mois. »
Loin au-dessus de l’objectif de la BCE
Le défi : La Banque centrale européenne (BCE) tente de freiner l’inflation en resserrant sa politique monétaire. L’institution vise une dévaluation monétaire de 2%. En février, l’inflation s’élevait à 8,5%, soit plus de quatre fois cet objectif.
- « La banque centrale est confrontée à un défi de taille« , souligne Koen De Leus. « Si l’inflation continue d’atteindre des sommets, elle encouragera les gens à exiger des salaires plus élevés, créant ainsi une spirale salaires-prix. Tant que les entreprises pourront répercuter ces coûts salariaux croissants sur les consommateurs, l’inflation restera élevée. »
- En bref, le fait que l’inflation diminue ne signifie pas que nous avons gagné la bataille contre la hausse des prix à la consommation. « Nous l’avons vu dans les années 70, par exemple. Là aussi, il a été difficile de maîtriser l’inflation », conclut l’économiste en chef de BNP Paribas Fortis.
(SR)