Pour son premier discours devant le Parlement, Meloni se paie l’Allemagne et se fait des amis

Ce mardi, la nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni a prononcé son premier discours devant le Parlement italien. Elle en a profité pour nier en bloc les accusations la liant au fascisme. Et pour décocher une première flèche à l’égard de l’Allemagne.

Pourquoi est-ce important ?

Avant les élections italiennes, Berlin voyait en Giorgia Meloni la pire partenaire comme nouvelle cheffe de gouvernement d'un grand État de l'Union européenne. Effectivement, dès ses débuts, elle s'en est prise à l'Allemagne. Et pour le coup, la Première ministre italienne pourrait s'attirer quelques sympathies de circonstance.

L’actualité

  • Ce mardi, Giorgia Meloni a prononcé son premier discours devant la Chambre des députés.
  • Elle en a profité pour assurer qu’elle n’avait « jamais eu de sympathie ou de proximité vis-à-vis des régimes antidémocratiques ». « Pour aucun régime, fascisme compris », a-t-elle précisé.
  • En parallèle, Meloni a assuré que l’Italie resterait une partenaire fiable de l’OTAN et de l’Union européenne.
  • Selon elle, l’approche italienne n’est pas de « freiner et saboter l’intégration européenne, mais de l’amener à être plus efficace dans sa réponse aux crises… et à être plus proche des citoyens et des entreprises ».
  • Meloni tente d’arrondir les angles : l’Italie sera pro-européenne, pro-Ukraine et pro-économie. La Première ministre semble avoir été attentive au récent fiasco de Liz Truss au Royaume-Uni. Elle veut rassurer les marchés et se faire de nouveaux amis. Sa rencontre avec Emmanuel Macron doit se lire dans cette perspective. Après le départ d’Angela Merkel, Macron voulait prétendre au rôle de leader de l’Europe, et il comptait sur l’appui de l’Italie pour contre-balancer le pouvoir de Berlin. Le départ de Mario Draghi a contrarié ses plans, mais le président français ne semble pas voiloir abandonner.
  • Et pour Meloni, quoi de mieux que de taper sur l’Allemagne pour fédérer les partenaires européens ?

La déclaration

  • « Ce ne sont pas les souverainistes qui sont aux commandes en Europe : on cite toujours Orban [comme fautif], mais comment qualifier l’attitude de l’Allemagne ces semaines-ci ? Est-ce cela, l’européanisme ? », a demandé Meloni à l’opposition italienne.

Le contexte

  • Cette pique de Meloni à l’adresse de l’Allemagne est liée au rôle joué par Berlin dans la gestion de la crise énergétique.
  • Depuis plusieurs semaines, l’Allemagne se pose comme le moteur du groupe de pays qui continue de s’opposer au plafonnement des prix du gaz. Berlin s’est aussi attiré le courroux de ses voisins pour avoir, dans le même temps, déclenché un plan à 200 milliards d’euros à l’échelle nationale. Le couple franco-allemand bat sérieusement de l’aile.
  • Si les chefs de gouvernement des États membres se sont accordés la semaine dernière sur un « corridor de prix dynamique« , la concrétisation de cette idée doit passer par les ministres de l’Énergie.
  • Réunis ce mardi à Luxembourg, ceux-ci n’ont pas trouvé d’accord sur les détails du mécanisme à proposer pour réellement intervenir sur le marché. Globalement, aucun pays ne semble prêt à changer sa position, rapporte Reuters. Les ministres ont eu « la même discussion que celle que nous avons depuis des semaines », a déclaré un diplomate sous couvert d’anonymat. Et la récente baisse des prix semble retarder les discussions.

Et maintenant ?

  • À nouveau, il a donc été décidé de ne rien décider.
  • À la place, une nouvelle « réunion d’urgence » a été annoncée. Elle aura lieu… dans un mois. Le 24 novembre.
  • La situation est d’autant plus complexe que la Commission semble attendre un feu vert des ministres concernés avant d’émettre une proposition formelle. Pour être adoptée, elle nécessitera l’accord d’au moins 15 Etats membres.
  • Kadri Simson a indiqué que la Commission allait tout de même travailler sur une proposition, sur base des discussions de ce mardi. Il est possible qu’elle soit dévoilée le 24 novembre, dans la foulée d’un potentiel aval donné par l’ensemble des ministres de l’Énergie.
  • Il y a tout de même une bonne nouvelle. Les autres propositions soumises la semaine passée ont par contre suscité beaucoup moins de discussions. La grande majorité des États membres semblent être favorables aux achats groupés et aux mesures de solidarité entre les pays en situation d’urgence.
  • Quant à l’application à plus grande échelle du modèle ibérique – basé sur des subventions aux centrales au gaz -, elle est loin de faire l’unanimité. Seule la France défend encore ce système. Cette piste devrait donc être abandonnée.

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