Pour assurer son approvisionnement en uranium, la Chine veut exploiter le plus important gisement au monde… L’océan

La Chine nourrit de grandes ambitions pour son secteur nucléaire. Le géant asiatique prévoit la construction de dizaines de centrales au cours des prochaines années. Et malgré les énormes quantités d’uranium que ces projets nécessiteront, la Chine entend bien préserver son indépendance en matière d’approvisionnement. Pour y parvenir, elle entend se tourner vers une source ‘non conventionnelle’: l’eau de mer.

La Chine disposerait actuellement de 170.000 tonnes de réserve d’uranium. Des stocks énormes… qui seront rapidement insuffisants pour nourrir ses ambitions. Selon un article du South China Morning Post repéré par le site Korii, le pays aura besoin 35.000 tonnes d’uranium annuellement pour soutenir le rythme de construction actuel, à savoir 6 à 8 nouvelles centrales nucléaires chaque année.

Ressources ‘non conventionnelles’

Actuellement, plus de 70% de l’approvisionnement chinois provient de l’étranger. Parmi ses principaux fournisseurs figurent des pays comme le Canada ou l’Australie, fidèles alliés des États-Unis. Suite au regain des tensions avec le rival américain, le pays aurait décidé de davantage se tourner vers des ressources dites ‘non conventionnelles’ pour se fournir en uranium: les cendres de charbon, de lignites, de schiste, les phosphates, et donc l’eau de mer.

En effet, un mètre cube d’eau de mer contient environ 3 mg d’uranium. À l’échelle de la planète, cela représente un ‘gisement’ de plus de 4,6 milliards de tonnes juste à portée de main. Toutefois, cet uranium est plus difficile à récupérer qu’il n’y parait.

1.000 dollars le kilo

Sa faible concentration et le fait que l’uranium se lie au carbone et à l’oxygène sous une forme assez stable rendent par conséquent le procédé pour l’extraire très coûteux: de l’ordre de 1.000 dollars le kilo. C’est jusqu’à 10 fois plus que l’uranium qui provient de gisements classiques, selon une étude de l’université de Tsinghua citée par le South China Morning Post.

Qu’à cela ne tienne, la Chine a décidé de tenter le coup en annonçant la construction d’une usine pilote qui devrait être opérationnelle ‘d’ici environ une décennie’.

Selon une étude chinoise publiée en 2020, les matériaux à base d’amidoxime (oxydes d’amines) auraient une capacité d’absorption 16 fois plus élevée que les matériaux habituellement utilisés. De quoi faire baisser le prix d’extraction à 190 dollars le kilo, selon les auteurs. Et offrir à la Chine les moyens de ses ambitions ?

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