À la fin du siècle dernier, 1 % des Portugais étaient accros à l’héroïne. Un chiffre bien supérieur à celui de la Belgique par exemple, où l’on recense environ 0,03 % d’héroïnomanes dans la population.
Le Portugal a été pendant longtemps protégé contre les problèmes de drogue auxquels le reste de l’Europe et le reste du monde étaient confrontés pendant des dizaines d’années. Jusqu’au milieu des années 70, le Portugal était une dictature où l’usage des drogues était pratiquement inexistant. Puis, après la révolution, les frontières avec le reste du monde se sont ouvertes, et le pays est soudain devenu une importante plaque tournante dans le commerce international de la drogue. Le nombre d’utilisateurs a augmenté de façon spectaculaire et une véritable crise est apparue rapidement.
À la fin du siècle dernier, non seulement le pays comptait un grand nombre de toxicomanes à l’héroïne, mais aussi le plus grand nombre de décès des suites d’un sida lié à la drogue en Europe. Pendant 20 ans, le Portugal a testé l’approche stricte des États-Unis, mais les résultats ont été décevants. Le gouvernement portugais s’est alors rendu compte qu’il ne pourrait pas continuer ainsi et il a pris une décision radicale.
De la justice à la santé publique
Par conséquent, au début de la dernière décennie, le pays a décidé de changer de stratégie et de dépénaliser l’usage des drogues. Au Portugal, la consommation de drogue a été depuis lors été considérée comme un problème médical, et non plus une question criminelle. La politique antidrogue a été retirée du ministère de la justice et confiée à la santé publique. La possession de petites quantités de drogue et la consommation ont été dépénalisées.
Gagner la « war on drugs » en y mettant fin ?
Les résultats de cette approche sont remarquables. Alors que l’Amérique semble avoir largement échoué, il semble que le Portugal ait remporté la « war on drugs », précisément en y mettant fin.
L’année dernière, 64000 Américains ont succombé à une overdose. Cela fait plus de décès que ceux des guerres du Vietnam, de l’Afghanistan et de l’Irak cumulés. Selon le ministère portugais de la Santé, on recense aujourd’hui 25 000 Portugais dépendants de l’héroïne.
Au début du siècle, on en comptait encore 100 000. Le nombre de Portugais qui meurent d’overdose a diminué de plus de 85 %. Dans la foulée de la crise financière, il y avait eu une légère augmentation. Cependant, le taux de mortalité lié à la consommation de drogue des Portugais est le plus faible au sein de l’UE. Il est 10 fois inférieur à celui du Royaume-Uni et du Danemark, et 50 fois fois inférieur à celui des États-Unis.