La fin de la voiture familiale en ville, cela fait longtemps qu’on l’annonce. Mais quand Renault décide de faire évoluer en conséquence une part non négligeable de son activité, c’est que l’idée a vraiment fait son bout de chemin.
Alors que les constructeurs automobiles européens se sont tous lancés dans le marché des véhicules électriques – fortement incités par les mesures de l’Union européenne – chez Renault, on prépare déjà la fin de la voiture personnelle, en tout cas en ville. Le constructeur français a annoncé qu’il allait modifier une partie de son modèle économique, passant de la vente de voitures à l’offre de voyages individuels à un public qui ne possède pas sa propre voiture. Le constructeur a créé une société dérivée appelée « Mobilize » pour offrir la mobilité en tant que service, rapporte Euractiv. La marque mettra à disposition toute une gamme de véhicule sur demande, selon le trajet envisagé.
La voiture n’est plus un marqueur social
Le Groupe Renault a pour objectif que Mobilize représente 20% de son chiffre d’affaires d’ici 2030. « Nous sommes convaincus que la mobilité va changer et passer de la propriété à l’usage, en particulier dans les villes « , a présenté Clotilde Delbos, directrice générale adjointe de Renault et directrice générale de Mobilize, lors du Global Mobility Call à Madrid. « Je pense qu’il est clair que la jeune génération ne considère plus la voiture comme le symbole de statut social qu’elle était auparavant, surtout dans les villes. En France, l’âge moyen auquel on passe le permis de conduire est aujourd’hui d’environ 26 ans. Dans le passé, on voulait passer le permis de conduire à 18 ans. »
Bien sûr, le groupe Renault ne compte pas arrêter de vendre des voitures, mais Mobilize est conçu comme un service complémentaire destiné aux populations urbaines, elles-mêmes souvent désireuses de voir leur cadre de vie moins engorgé de véhicules à moteur. Mais qui peuvent encore, à l’occasion, avoir besoin d’une voiture le temps d’un trajet. Mobilize leur proposera donc une gamme de voitures à la demande, de la petite voiturette urbaine à deux places à la berline familiale.

« On vous pousse à ne pas posséder de véhicule »
« Dans les grandes villes, vous ne pouvez pas vous garer, vous avez du mal à accéder au centre avec certaines voitures – les véhicules non électriques vont être interdits dans certains cas dès 2030 – et vous avez de plus en plus de congestion. Paris est un exemple où les villes réduisent le nombre de voies que vous pouvez utiliser parce qu’elles veulent plus d’espace pour les vélos ou pour les cafés ou les restaurants, des choses comme ça », évoque Clotilde Delbos. « Donc, au bout du compte, on vous pousse à ne pas posséder de véhicule ».
Un virus qui a accéléré la piétonisation
Un mouvement de décongestion urbaine qui ne parait pas toujours évident au premier abord, mais que les populations urbaines appellent ardemment, et qui s’est accéléré après la pandémie de coronavirus, les autorités des grandes villes ayant profité de la moindre affluence pour graver dans le marbre des transitions vers la piétonisation. C’est le cas à Cork, en Irlande, où 18 rues bordées de bars et de restaurants sont bannies aux voitures depuis la pandémie. Ou encore à Bruxelles, où l’accent sur la mobilité douce a plus d’une fois été mis en avant depuis la fin de la crise.