Le soutien de la population russe en faveur d’une solution pacifique à la guerre en Ukraine a fortement augmenté à la suite du soulèvement d’une journée du chef de Wagner, Evgueni Prigojine, le week-end dernier. C’est ce que révèlent les résultats d’un sondage d’opinion réalisé par le centre de recherche indépendant Levada Center, qui seront publiés vendredi, mais qui ont déjà pu être consultés par Bloomberg.
L’actualité : la proportion de Russes favorables aux négociations a augmenté de 8 points de pourcentage par rapport au mois de mai, pour atteindre 53 %. Seuls 39 % des personnes interrogées ont déclaré que le pays devait continuer à se battre.
- Dans le cadre de ce sondage, 1.634 Russes de 50 régions ont été interrogés sur leur opinion concernant la guerre. Les réponses ont été recueillies entre le 22 et le 28 juin. Il convient de noter que le soulèvement de Prigojine a commencé le 23 juin et s’est terminé le lendemain.
- Selon Denis Volkov, directeur de Levada, qui s’est entretenu avec Bloomberg, cela a eu un impact direct sur les résultats du sondage. Les Russes craindraient que le soulèvement n’entraîne des pertes en Ukraine, mais ils souhaitent surtout que la guerre, qui a eu un impact sur l’économie russe, soit « terminée le plus tôt possible ».
- Autre fait marquant : le sondage montre que c’est surtout Prigojine qui est tombé en disgrâce auprès de l’opinion publique russe. Avant le soulèvement, 19 % des personnes interrogées déclaraient vouloir voter pour lui lors de l’élection présidentielle de 2024, un chiffre qui est tombé à seulement 6 % après le 24 juin.
- Les chiffres de Vladimir Poutine restent pratiquement inchangés. Plus de 80 % des Russes soutiennent leur dirigeant. Fait frappant : juste avant le début de la guerre, moins de 70 % des Russes soutenaient Poutine.
- Mais depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, ce chiffre n’est jamais descendu en dessous de 77 %, avec un niveau de soutien moyen d’un peu plus de 80 % depuis le début de la guerre. Le niveau le plus bas de 77 % a été atteint lorsque la Russie a annoncé une mobilisation partielle à l’automne 2022.
Le soulèvement de Prigojine
Récapitulatif : Il semble que le peuple russe ait été sérieusement ébranlé par Prigojine, qui s’est ouvertement opposé au régime russe vendredi dernier.
- Le lendemain, le chef de Wagner et ses troupes avaient déjà pris le contrôle d’installations militaires dans la ville de Rostov-sur-le-Don, un important centre économique du sud de la Russie.
- Quelques heures plus tard, les infrastructures militaires de la ville de Voronej, située à des centaines de kilomètres de Moscou, ont également été prises d’assaut. De là, une colonne de centaines de véhicules s’est dirigée vers la capitale russe.
- Mais à quelques centaines de kilomètres de Moscou, la colonne s’est soudainement arrêtée. En effet, Prigojine avait négocié avec le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko et était prêt à mettre fin à sa rébellion en échange de concessions de la part de l’État russe.
- Le patron de Wagner s’exilerait en Biélorussie. Lui et ses troupes seront également exemptés de toute accusation criminelle. Remarquable, car le soulèvement a coûté la vie à au moins 13 Russes. Quoi qu’il en soit, les experts pensent que l’aventure de Prigojine va tourner court.
(JM)