Plafonnement du prix du pétrole russe : le Kremlin réitère ses menaces et cette fois, cela semble sérieux

Depuis qu’une coalition de pays occidentaux évoquent un plafonnement du prix du pétrole russe, le Kremlin multiplie les menaces de représailles. Ce vendredi, il est allé plus loin. En annonçant plus clairement les mesures qui seront bientôt prises pour répondre au plafond.

Pourquoi est-ce important ?

Instauré par l'UE, le G7 et l'Australie début décembre, le plafonnement du prix du pétrole brut russe a pour but d'affecter les revenus du Kremlin, tout en l'encourageant à ne pas réduire sa production. Et ainsi à ne pas menacer l'approvisionnement mondial.

Dans l’actu : la menace russe se précise.

  • Ce vendredi, le vice-Premier ministre russe Alexander Novak a à nouveau menacé les pays qui ont instauré un plafond de prix sur le pétrole brut russe.
  • Comme l’avait déjà fait Vladimir Poutine à plusieurs reprises, il a indiqué que la Russie était prête à ne plus fournir certaines nations.
    • Pour la première fois, il a également donné des détails relatifs à la réduction de la production russe.

Le détail : 500.000 à 700.000 barils par jours en moins.

  • A la télévision russe, Novak a annoncé que la Russie pourrait réduire sa production de pétrole de 500.000 à 700.000 barils par jour à partir de l’année prochaine.
  • Il a expliqué qu’un décret serait bientôt mis en place en vue de stopper les livraisons de brut et de produits pétroliers « aux pays et personnes morales qui exigeront le respect dans les contrats du plafonnement des prix imposé par l’Union européenne ».
  • Cela correspond à 5 à 7% de la production du pays, a-t-il précisé.

Plusieurs pays européens sont mal pris

Le contexte : du pétrole russe arrive toujours en Europe.

  • Début décembre, l’UE, le G7 et l’Australie ont instauré un plafond de prix à 60 dollars le baril autour du brut russe transporté par voie maritime.
    • La grande majorité des pétroliers étant assurés par des compagnies basées dans ces pays, cela contraint la Russie à respecter le plafond. Du moins pour l’instant.
    • La semaine dernière, par exemple, il est apparu que plusieurs navires sont partis vers l’Inde sur base de contrats respectant le plafond.
    • Dans le même temps, la Russie tente de se constituer une « flotte fantôme » qui lui permettra de continuer d’écouler son pétrole vers l’Asie sans passer par des compagnies occidentales – et donc en faisant fi du plafond. La Chine et l’Inde seraient en train de faire la même chose, pour pouvoir continuer à traiter avec la Russie sans cet obstacle.
  • Dans le même temps, l’UE a mis en place un embargo sur le brut russe livré par voie maritime.
    • La livraison « par voie maritime » est une précision de taille.
      • En effet, certains pays (Hongrie, République tchèque, Slovaquie) continuent d’en recevoir par oléoduc.
      • L’Allemagne et la Pologne ont normalement fait le choix de se sevrer totalement du brut russe – par voie maritime et par oléoduc -, mais les Russes ont récemment fait savoir que des demandes des deux pays leur étaient parvenues afin de poursuivre les livraisons par pipeline en 2023.
      • Les deux pays européens ont démenti cette affirmation, assurant qu’ils s’en tiendraient à leurs promesses.
  • Le 5 février prochain, il est prévu que l’embargo de l’UE s’applique également aux produits pétroliers russes raffinés.
    • Un plafonnement du prix de ces produits aux niveaux de l’UE, du G7 et de l’Australie est également en préparation.

Et maintenant : quelles conséquences ?

  • Actuellement, le prix du pétrole russe est de toute façon inférieur au prix plafond. Cela n’affecte donc pas directement le trésor du Kremlin.
    • Il n’est toutefois pas exclu qu’il remonte dans les semaines à venir.
    • De toute façon, au vu de ses dernières déclarations, la Russie n’a que faire du faible impact actuel de la mesure. Ce qu’elle veut, c’est montrer que personne ne lui impose un prix et que celui-ci remontera s’il doit remonter.
    • Elle ne perd pas non plus de vue le fait que les Occidentaux reverront leur prix plafond tous les deux mois en vue de s’assurer qu’il est d’au moins 5% inférieur au prix du marché du brut russe.
  • Si le Kremlin met en place son décret, cela signifie aussi surtout que les 5 pays européens cités ci-dessus pourraient être totalement privés de pétrole russe, note Politico.
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