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Pentagon leaks : ce que l’on sait de l’auteur de la fuite, et quel impact sur le conflit ?

Pentagon leaks : ce que l’on sait de l’auteur de la fuite, et quel impact sur le conflit ?
Les fuites révèlent, entre autres, que les chars Challenger sont bel et bien tenus en réserve pour une offensive. | Getty / Fotojet

Le Pentagone a été victime d’une fuite massive et surtout intentionnelle de documents classifiés. A l’heure d’écrire ces lignes, le principal suspect serait un employé d’une base militaire qui répondrait au pseudonyme de « OG » sur le Web. Il s’agirait d’un activiste raciste, antisémite, et d’un grand amateur d’armes. Si l’authenticité de toutes ces fuites n’est pas encore vérifiée, celles-ci vont causer des remous entre Washington et Kiev, mais aussi dans d’autres pays plus ou moins alliés des USA.

L’actualité : des centaines de documents classifiés du Pentagone ont été mis en ligne, apparemment pas un activiste d’extrême-droite d’une vingtaine d’années, selon The Washington Post. Parmi ces documents, qui portent majoritairement sur l’aide que les États-Unis et leurs alliés pouvaient apporter à l’Ukraine, certains arborent la mention « Secret/Noforn », ce qui signifie qu’ils ne doivent être montrés à aucun ressortissant étranger, y compris aux alliés. Leur divulgation risque donc de tendre les relations entre Washington et d’autres pays, pourtant amis.

  • Attention : l’authenticité individuelle de chaque document révélé n’a pas pu être vérifiée. Il se peut que certains soient des faux ; c’est apparemment le cas d’un rapport sur les pertes ukrainiennes.
  • Du côté russe, on tergiverse, si l’on en croit le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov : « Étant donné que les États-Unis sont partie prenante au conflit et qu’ils mènent essentiellement une guerre hybride contre nous, il est possible que ces techniques soient utilisées pour tromper leur adversaire : la Fédération de Russie. »

Des fournisseurs d’armes qui se veulent discrets

  • L’un des documents consultés par The Guardian est un récapitulatif des positions européennes sur la fourniture d’armes et d’entraînement datant de début mars, intitulé « Response to Ongoing Russia-Ukraine Conflict. »
  • On y apprend que la Serbie a bel et bien livré « une aide létale » à Kiev, et que Washington estime que le pays a la capacité militaire et la volonté politique de fournir des munitions. Or, l’opinion publique serbe reste très favorable à la Russie, vue comme un allié historique, et le pays s’est opposé à toutes les sanctions à l’encontre de Moscou.
  • Ce document suffira donc à lui seul à créer des remous à Belgrade. Le ministère serbe des Affaires étrangères n’a pour l’instant pas réagi officiellement.
  • En Europe, Washington liste seulement deux pays – l’Autriche et Malte – ont refusé de fournir des armes ou des munitions, au nom de leur neutralité traditionnelle. Ils ont toutefois offert leur aide humanitaire. La Hongrie quant à elle, pourtant très pro-russe, est considérée comme ayant la « capacité militaire de fournir une aide létale à l’avenir ».

Des alliés frileux, hors d’Europe

Hors d’Europe, cette fuite révèle aussi que certains proches alliés de Washington rechignent à s’engager.

  • Le bureau de la sécurité nationale de Corée du Sud craint par exemple de vendre aux USA des munitions qui pourraient ensuite se retrouver en Ukraine, à l’entre des lois du pays qui interdisent de fournir des zones de conflit.
  • Un autre document détaille la réflexion américaine sur les moyens de persuader Israël de fournir des armes à Kiev en faisant pression sur l’État hébreu pour qu’il accepte un « modèle turc », soit passer par un pays intermédiaire pour brouiller les pistes.

Des fuites qui fâchent à Kiev

En Ukraine, on se serait bien passé de ces indiscrétions, d’autant que certaines évoquent le plan de bataille du pays pour sa prochaine grande offensive.

  • « Il est certain que les gens ne sont pas contents », a lâché une source ukrainienne auprès du Guardian. « L’année dernière, l’Ukraine a été critiquée pour ne pas être un partenaire digne de confiance. Au début de l’invasion, nous n’avons pas reçu d’armes à cause de ce manque de confiance. En conséquence, nous avons perdu beaucoup de territoire et de personnes. Cette perception était erronée. Et maintenant, cette fuite se produit du côté américain. »
  • Les documents confirment ce que tout le monde avait deviné : l’armée ukrainienne a formé de nouvelles brigades qui n’ont pas encore été vues sur le front, et qui se préparent donc à une offensive de printemps fort attendue, et à laquelle les Russes se mobilisent activement.
  • Le gouvernement ukrainien est en train d’évaluer les dommages éventuels causés par ces révélations. Les dossiers donnent des détails sur 12 brigades nouvellement formées, équipées de chars de combat et de véhicules blindés occidentaux, dont les chars Challenger britanniques.
  • L’armée ukrainienne aurait donc « gardé beaucoup de cadeaux pour Pâques » pour reprendre l’expression d’une source locale. Mais cela ne veut pas dire que l’offensive tombe à l’eau : « L’armée ukrainienne joue avec différents scénarios. Elle n’en a pas qu’un seul. Il ne s’agit pas de dire que si l’on n’emprunte pas une voie, l’attaque s’effondre. Il existe de nombreuses options. »
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