Pas besoin de creuser de nouvelles mines pour extraire des métaux rares, les déchets miniers suffisent, selon cette startup

Les mines se concentrent traditionnellement sur l’extraction d’un ou deux métaux ou minéraux, de sorte que les terres qu’elles mettent de côté regorgent de ressources inexploitées. Une opportunité pour la startup américaine Phoenix Tailings qui a justement mis au point une technologie pour en profiter.

Pourquoi est-ce important ?

La demande pour certains métaux rares a explosé au cours de dernières années, portée par la voiture électrique notamment, et qui ne devrait cesser de croitre. Une demande en hausse qui pousse à extraire toujours plus de ressources et donc à creuser de nouvelles mines. Une situation qui pourrait rapidement devenir ingérable, d'autant plus que certains sols sont plus riches que d'autres, mais le processus pourrait être ralenti en rationalisant la manière de trier les déchets miniers.

Contexte : En plus d’être très dangereuses pour les travailleurs, les mines sont une aberration environnementale, car leur exploitation nécessite d’énormes quantités d’énergie et d’eau. Leur nombre devrait malgré tout augmenter dans les années à venir, à mesure que la demande de métaux rares destinés aux voitures électriques s’accentuera.

Dans l’actu : Une startup veut exploiter les déchets des mines, souvent laissés à l’abandon à la surface de la Terre, pour en extraire des métaux rares inexploités, de manière plus respectueuse de l’environnement.

Exploiter les richesses à porter de mains

L’essentiel : Une mine d’or se concentre sur l’or et ne s’intéresse pas au fer, nickel et autres terres rares qui peuvent se trouver dans les déchets qu’elle extrait pour trouver ce précieux métal. Ces résidus sont pourtant des trésors à ciel ouvert.

  • Miner le sol génère énormément de déchets, que ça soit de la terre ou des roches, car les mineurs n’essaient généralement pas d’en extraire toutes les richesses. On comptabiliserait plus de 280 milliards de tonnes de résidus miniers à travers le monde.
  • Une opportunité pour la startup américaine Phoenix Tailings, originaire de Boston, qui a pour projet d’exploiter des terres déjà extraites du sol, afin d’en extraire des ressources inexploitées.
    • « Les mines traditionnelles vont chercher un, peut-être deux métaux dans une source de minerai, jetant le reste. Non pas parce que ce n’est pas précieux, mais parce que ce n’est pas ce qu’ils sont destinés à extraire – une mine d’or se soucie de l’or, ils ne se soucient pas du fer ou du nickel ou des terres rares qui s’y trouvent », a expliqué Anthony Balladon, cofondateur de l’entreprise.

Le détail : La plateforme de « reminage » développée par la startup a été conçue pour extraire plus efficacement. Dans un premier temps, les déchets miniers sont nettoyés à l’eau et traités avec plusieurs solvants. Elle utilise ensuite l’électricité pour séparer les métaux dont elle a besoin.

Une technologie qui utilise beaucoup moins d’énergie que les méthodes traditionnelles et peut même fonctionner avec des énergies renouvelables, souligne Phoenix Tailings.

À noter : cette méthode de retraitement des résidus miniers peut très bien être exportée, notamment en Europe.

  • De quoi aider le vieux continent à devenir un acteur de taille dans l’extraction de métaux rares – encore faut-il que les terres en contiennent – et ainsi potentiellement tenir tête à la Chine, le géant du secteur.
  • De plus, vu qu’elle n’utilise pas de matériaux polluants, son impact environnemental est moindre.

Une voie contre les pénuries

Avec la pandémie et la pénurie de composants qui en a découlé, les constructeurs automobiles ont remarqué combien ils étaient dépendants d’un petit nombre de fournisseurs, principalement chinois. Une prise de conscience qui fait qu’aujourd’hui, ils cherchent à diversifier leurs fournisseurs, mais surtout à avoir recours à des sources secondaires, voire tertiaires.

Et la méthode de Phoenix Tailings pourrait être une solution envisageable, car elle pourrait aider à extraire des métaux et minéraux rares à l’échelle nationale.

  • La startup est la seule des États-Unis à produire du néodyme, composant clé des aimants. Elle cherche également à extraire du nickel tout en étant neutre en carbone et travaille à conclure des partenariats avec des sociétés pour exploiter leurs déchets, mais aussi assainir d’anciens terrains miniers.
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