La direction chinoise s’efforce discrètement de se débarrasser de son enchevêtrement monétaire avec l’Occident. Gardant à l’esprit la leçon de la Russie, avec la question de Taïwan qui n’est jamais bien loin, la Chine se prépare pour le monde de demain.
Oui, il y a une guerre en cours entre la Chine et l’Occident, mais elle n’est (pour l’instant) pas de nature militaire

Pourquoi est-ce important ?
Les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine sont utiles pour la Chine. Elles détournent l'attention de ses préparatifs pour un éventuel troisième front dans l'Indo-Pacifique.Dans l’actu : La Chine adopte généralement des positions en matière de politique étrangère qui sont à l’opposé de celles de l’Occident. Contrairement à l’Occident, la Chine tolère le massacre russe en Ukraine, tout comme elle critique Israël, mais pas le Hamas. Les Chinois souhaitent sans doute gagner la sympathie du monde arabe. Ainsi, ils espèrent obtenir plus de soutien pour les réformes qu’ils souhaitent mettre en œuvre dans le système international.
« Vous êtes la porte avant du grand continent et nous sommes la porte arrière. »
- La République populaire de Chine a été le premier pays non arabe à établir des relations avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
- En 1965, Mao a dit à l’OLP : « L’impérialisme a peur de la Chine et des Arabes. Israël et Formose [Taïwan] sont les bases de l’impérialisme en Asie. Vous êtes la porte avant du grand continent et nous sommes la porte arrière. »
- Entre-temps, la Chine cherche à étendre son influence dans la région Indo-Pacifique. Les Philippines, un allié des États-Unis, ont accusé lundi des navires de la garde côtière chinoise de les avoir « délibérément » percutés lors d’une mission de ravitaillement. C’est l’incident le plus grave à ce jour dans les eaux autour du banc de Second Thomas, revendiqué à la fois par la Chine et les Philippines.
Une guerre monétaire sur 3 fronts
Zoom avant : La Chine mène également une guerre monétaire sur trois fronts, écrit le média allemand The Pioneer.
- La Chine réduit ses positions en dollars pour se libérer de la dépendance fiscale vis-à-vis de Washington.
- Elle a ainsi réduit son stock d’obligations d’État américaines à son plus bas niveau en douze ans.

- Le pays développe et étend aussi son propre système de paiement électronique, le Cross-Border Inter-Bank Payments System (CIPS), qui concurrence depuis fin 2015 le système de paiement occidental Swift. Le CIPS est également utilisé pour les flux de paiement de 30 banques russes.
La puissance d’un empire mondial a aussi ses limites
- Les Américains ressentent particulièrement ce retrait chinois du système dollar, car cela fait chuter les cours des obligations d’État.
- Au total, les États-Unis ont une dette d’environ 33 500 milliards de dollars.
- Pour répondre à ses obligations financières envers les prêteurs mondiaux, les États-Unis sont constamment contraints de lever des fonds supplémentaires. Cela nécessite une compensation sous forme de taux d’intérêt à long terme croissants.
- La combinaison des guerres en Europe et au Moyen-Orient et les coûts élevés de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) pourrait, selon les experts, conduire à ce qu’ils décrivent comme un « dépassement impérial« . En d’autres termes, même la capacité d’un empire mondial a ses limites.
Zoom arrière : La saisie des actifs russes par la banque centrale américaine a mis en garde la Chine sur sa propre vulnérabilité. Grâce à sa « guerre monétaire » discrète, la Chine renforce son indépendance économique et gagne la liberté d’agir militairement de manière autonome, par exemple à Taïwan.