C’est un voyage de sept ans qui doit s’achever ce dimanche, du moins si tout se passe bien. La mission OSIRIS-REx (acronyme de Origins-Spectral Interpretation-Resource Identification-Security-Regolith Explorer) doit entamer la phase la plus délicate de son grand retour, à savoir faire rentrer une capsule dans notre atmosphère et la faire atterrir dans l’ouest des États-Unis. Et ce, sans abimer sa précieuse cargaison : du matériel collecté à la surface d’un astéroïde, le premier échantillon de ce genre jamais collecté, et surtout ramené chez nous.
OSIRIS-REx a quitté la Terre le 8 septembre 2016 depuis la base spatiale de Cape Canaveral, direction l’astéroïde Bennu. Cet astéroïde d’un diamètre d’environ 500 mètres et décrivant une orbite de 1,2 an autour du Soleil a la particularité de couper l’orbite de la Terre (on parle de géocroiseur de type Apollon), ce qui a permis d’aller à sa rencontre en deux ans, seulement. La sonde a ensuite passé les deux années suivantes à observer et cartographier le rocher spatial.
C’est donc qu’en 2020 qu’OSIRIS-REx a tenté ce qui n’avait encore jamais été fait avec succès : descendre à la surface de Bennu pour récolter des échantillons, et puis en repartir. Sa cargaison a été rassemblée dans une capsule de ré-entrée atmosphérique, puis notre petit pionnier (2.110 kg au lancement quand même, dont 1.230 kg d’ergols) s’est ensuite propulsé vers notre Terre à l’aide d’une poussée de sa propulsion. Ce petit conteneur spatial nous revient donc, après deux ans de trajet retour : arrivée prévue pour ce dimanche à 16h, temps universel.
Les éléments constitutifs de la vie
Ce dimanche, quatre heures avant d’atteindre notre planète, la capsule contenant l’échantillon sera larguée. La sonde spatiale effectuera ensuite une manœuvre pour éviter la Terre et se placer sur une orbite héliocentrique stable. De son côté, la capsule contenant l’échantillon se précipitera sur notre planète à 12,2 km/s avant de freiner dans notre atmosphère, ce qui portera la température de son bouclier à plusieurs milliers de degrés. Jusqu’au crash final dans l’Utah.
Que nous ramène-t-elle ? Seulement 250 g de matières prélevées sur Bennu. Ça n’a pas l’air de grand-chose, mais c’est la première fois qu’on récupère ce genre de fragment d’astéroïde préservé par le bouclier du conteneur, on l’espère, de la combustion dans notre atmosphère. De quoi, peut-être, comprendre les débuts du système solaire, et même déterminer le rôle qu’ont pu jouer des astéroïdes riches en carbone comme Bennu dans l’acheminement des éléments constitutifs de la vie sur Terre.
La NASA conservera 70 % de l’échantillon de Bennu, les préservant « pour qu’ils soient étudiés par des scientifiques qui ne sont pas encore nés, en utilisant des technologies qui n’ont pas encore été inventées, afin de répondre à des questions fondamentales sur le système solaire », a communiqué l’agence américaine. Les 30% restants seront distribués aux différentes équipes internationales derrière la mission pour être étudiés de nos jours.
Nouvelle mission : face au serpent
Quant à OSIRIS-REx, sa carrière n’est pas terminée : la sonde doit repartir pour de nouvelles aventures vers l’astéroïde Apophis, géocroiseur de 325 mètres de diamètre et d’une masse d’environ 40 à 50 millions de tonnes qui croise deux fois la Terre à chacune de ses révolutions, ce qui l’a fait classer un temps parmi les projectiles les plus dangereux pour notre planète. La mission OSIRIS-REx deviendra alors OSIRIS-APEX, abréviation d’OSIRIS-Apophis Explorer. Le rendez-vous est prévu pour 2029, quand Apophis passera à « seulement » 31.600 km de notre planète.