L’ONU a découvert des éléments de preuves de l’implication de MbS dans le meurtre de Khashoggi

Agnes Callamard, rapporteure de l’ONU, préconise d’enquêter sur l’implication potentielle du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane dans l’horrible meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Elle affirme qu’il existe des « éléments de preuve crédibles » pointant vers sa responsabilité, ainsi que celle d’autres hauts-responsables saoudiens.

Selon Agnès Callamard, rapporteure des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, Jamal Khashoggi a été victime d’une « exécution délibérée, préméditée, un meurtre extrajudiciaire dont l’Arabie saoudite est responsable au regard des droits de l’homme internationaux ».

Etendre les sanctions internationales à MBS

Dans son rapport de 101 pages, Callamard sollicite l’ouverture d’une enquête internationale supplémentaire pour déterminer les responsabilités éventuelles de MBS, l’acronyme avec lequel on surnomme le prince. Elle souligne la « l’extrême sensibilité » d’une telle enquête, et exhorte le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à « ouvrir une enquête pénale de suivi ». Elle propose également que le FBI mène une enquête, compte tenu que Khashoggi était résident des Etats-Unis.

La rapporteure préconise également le renforcement des sanctions imposées par plusieurs pays occidentaux à plusieurs officiels saoudiens à la suite du meurtre. Elle recommande même que ces sanctions soient étendues au prince héritier : « Compte tenu des preuves crédibles concernant les responsabilités du prince héritier dans son assassinat, de telles sanctions devraient également inclure le prince héritier et ses biens personnels à l’étranger ».

Jamal Khashoggi, un critique du prince héritier saoudien

Jamal Khashoggi, un journaliste critique notoire de MBS qui était correspondant du journal américain Washington Post, avait disparu après une visite au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul en octobre dernier. Il s’y était rendu pour y obtenir des documents pour son mariage imminent. Il n’en est jamais ressorti. On pense que sur place, il avait été tué par un commando saoudien, qui aurait ensuite dépecé son corps pour s’en débarrasser plus facilement.

Mohammed ben Salmane a nié à plusieurs reprises toute implication dans la mort du journaliste. Les autorités saoudiennes ont invoqué une opération menée par des tueurs indépendants. De son côté, la CIA a conclu que MBS avait ordonné l’exécution du journaliste, mais n’a pas été suivie par le président américain Donald Trump, pour lequel il n’y a pas suffisamment d’indications montrant que MbS était bien le commanditaire de ce meurtre.

La plus grande crise diplomatique depuis les attentats du 11 septembre

La justice saoudienne a lancé des poursuites contre onze suspects, et le procureur a demandé la peine de mort pour 5 d’entre eux. Néanmoins, aucune autre information n’a été fournie concernant ces affaires. Agnes Callamard affirme toutefois que ces procédures judiciaires ne sont pas conformes aux normes internationales et réclame leur suspension.

L’assassinat de Khashoggi a déclenché la plus grande crise diplomatique de l’Arabie saoudite depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis. Riyadh a désespérément tenté de détourner l’attention internationale pour la recentrer sur l’ambitieux programme de réformes visant à débarrasser le royaume de sa dépendance au pétrole.

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