‘Nous avons choisi de ne pas aggraver la situation par un incident public’ : Charles Michel répond à ceux qui l’accusent d’avoir fait le jeu de la Turquie

Pour beaucoup, Charles Michel est tombé dans le piège tendu par la Turquie et a manqué une occasion d’affirmer et de mettre en pratique les valeurs européennes. Retour sur une polémique qui a pris d’énormes proportions.

Qui est à la tête de l’Europe ? Au vu de la couverture médiatique, la présidente de la Commission l’emporte aisément sur le président du Conseil européen. Pourtant, hier, lors d’une visite diplomatique de l’UE en Turquie, Charles Michel s’est fait nettement plus remarquer qu’Ursula von der Leyen. Et pas forcément en bien.

À côté du président Recep Tayyip Erdogan, une seule chaise. Charles Michel décide en une fraction de secondes de prendre les devants et de venir s’installer aux côtés du président turc, reléguant la présidente de la Commission dans un canapé placé sur le côté, non sans provoquer un certain agacement chez elle.

La scénette a créé un vent d’indignation, tous partis confondus. Si Charles Michel voulait se faire connaitre du grand public, c’est désormais chose faite. Sans doute aurait-il souhaité que cela se passe dans d’autres circonstances. Surtout quand on sait que les deux dirigeants européens venaient pour discuter de la sortie de la Turquie de la Convention d’Istanbul sur…. la prévention de la violence à l’égard des femmes.

‘Scandale macho’, ‘le président du Conseil européen s’assoit sur l’égalité hommes-femmes’… les réactions ont été très virulentes.

Incident diplomatique

Face au tollé, Charles Michel s’est défendu sur les réseaux sociaux: ‘Les quelques images qui en ont été diffusées ont donné l’impression que j’aurais été insensible à cette situation. Rien n’est plus éloigné ni de la réalité, ni de mes sentiments profonds. Ni enfin des principes de respect qui me paraissent essentiels. Sur le moment, tout en percevant le caractère regrettable de la situation, nous avons choisi de ne pas l’aggraver par un incident public, et de privilégier en ce début de rencontre la substance de la discussion politique que nous allions entamer, Ursula et moi, avec nos hôtes.’

Autrement dit, le président du Conseil européen a voulu privilégier le contenu à la forme. Ce qu’a également fait savoir le porte-parole de la présidente de la Commission, tout en expliquant qu’Ursula von der Leyen avait été surprise par la situation: ‘Mme von der Leyen attend d’être traitée selon les règles protocolaires et elle a demandé à ses services de faire en sorte que ce genre d’incidents ne se répète pas à l’avenir.’

On est sans doute devant un cas d’école qui servira de jurisprudence pour les futures rencontres diplomatiques. Il est un fait que les services de l’UE n’avaient pas préparé ce cas de figure, ce qui a mené à l’incident. Une thèse renforcée par la Turquie qui estime avoir respecté les règles du protocole selon les désidératas européens. ‘Aucune disposition n’a été prise en dehors de celles demandées par une délégation de l’UE qui a préparé la visite’, a réagi un responsable turc auprès de l’AFP.

On notera toutefois une certaine mauvaise foi de la Turquie, comme le montrent ces images qui ont circulé sur les réseaux sociaux. Rappelons que le président du Conseil européen et la présidente de la Commission européenne se situent sur le même échelon diplomatique.

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