Petit à petit, le yuan grignote sur le dollar. Une récente étude d’UBS indique que les banques centrales se tournent vers le renminbi chinois pour diversifier leurs réserves de devises étrangères. En cause: les tensions géopolitiques qui mettent à mal la domination du dollar.
Est-on au début d’une véritable révolution dans les échanges internationaux ? Un indice de plus montre que la domination du dollar s’effrite. Selon une étude d’UBS relayée par le Financial Times, la proportion des banques centrales ayant investi dans le renminbi ou souhaitant le faire est passée de 81% à 85% en un an.
« Nous assistons à une érosion progressive du dollar », a déclaré Massimiliano Castelli, responsable de la stratégie des marchés souverains mondiaux chez UBS. « L’image qui se dessine est celle d’un système monétaire multipolaire ».
Cette différence de quelques pour cent peut paraitre anecdotique, mais comme pour beaucoup de choses en économie, il faut regarder la tendance. Et le contexte géopolitique pousse certains pays à ne plus dépendre totalement du dollar.
C’est bien sûr le cas de la Russie et de la Chine. Les puissances occidentales ont gelé quelque 300 milliards de réserves en dollar et en euro de la banque centrale russe, en réponse à l’invasion de l’Ukraine. La Chine, depuis le président Trump, fait face à des sanctions économiques de grande ampleur.
Ces sanctions poussent la Chine et la Russie à se tenir la main. Récemment, avec les pays du BRICS (Brésil, Inde et Afrique du Sud), ils ont annoncé travailler ensemble sur une nouvelle monnaie de réserve. En parallèle, la Chine souhaite mettre en place une réserve de liquidités appelée « Renminbi Liquidity Arrangement » avec l’Indonésie, Hong Kong, Singapour et le Chili. Une sorte de manne où aller puiser en cas de coup dur ou de période de volatilité, là encore dans le but de s’affranchir du dollar.
Inflation
4/5e des banquiers centraux interrogés ont déclaré qu’ils pensaient qu’on se dirigeait vers un monde multipolaire en terme économique. Avec un éloignement de l’hégémonie du dollar, notamment au profit du renminbi.
Sans oublier actuellement l’inflation et les efforts de la Réserve fédérale américaine pour la contrôler. Un dollar trop fort met clairement en danger les économies émergentes qui dépendent de celui-ci pour se financer, sans oublier que leur dette est libellée dans la monnaie américaine. Au delà, un dollar fort est aussi souvent le signe d’un ralentissement de la croissance du commerce mondial.
Car oui, le dollar reste ultra-dominateur. En termes d’échange internationaux, le dollar s’applique de 41,81% des cas contre 2,14% pour le yuan. Le dollar représentait un peu moins de 60 % des réserves allouées à la fin du premier trimestre 2022, le renminbi représentait seulement 3%. Mais depuis 2016, la part du dollar s’est réduite de 5%, selon les données du FMI.
En fait pour les banquiers centraux et les gestionnaires de réserve, la diversification est comme toujours la clé pour limiter les risques. « Ils tentent d’avoir quelque chose d’autre dans leur boîte à munitions pour lutter contre la volatilité et les événements macroéconomiques », a déclaré M. Castelli. Sauf qu’en termes monétaires, c’est une petite révolution.