Suite à la guerre en Ukraine et à la réduction de la quantité du gaz russe expédié vers l’Europe, c’est la Norvège qui est devenue le premier fournisseur du Vieux Continent. Les autorités sont bien décidées à tout mettre en œuvre pour conserver ce nouveau leadership.
Pour rester le fournisseur n°1 de l’Europe, la Norvège compte intensifier l’exploration gazière dans l’Arctique

Pourquoi est-ce important ?
La guerre en Ukraine a bousculé l'ordre géopolitique mondial en matière d'énergie. Avec une Russie qui a rapidement perdu grâce aux yeux des Européens, qui se sont tournés vers d'autres pays, dont la Norvège. Mais entre l'assurance de l'approvisionnement à court terme et le respect des objectifs climatiques à plus long terme, il risque d'y avoir des choix à faire.Dans l’actu : la Norvège appelle à intensifier l’exploration en mer de Barents.
- Le ministre norvégien du Pétrole et de l’Énergie a invité les grandes compagnies énergétiques à explorer davantage la mer de Barents, dans l’océan arctique.
- Selon lui, une intensification de l’exploration est nécessaire pour que la Norvège reste le premier fournisseur de gaz de l’Europe et subvenir aux besoins de cette dernière.
Le détail : petit frère deviendra grand ?
- À l’occasion d’un événement de promotion de l’exploration organisé à Hammerfest, une ville tout au nord de la Norvège bordée par la mer de Barents, le ministre travailliste Terje Aasland s’est montré très clair : il faut fouiller la mer de fond en comble pour y trouver du gaz.
- L’industrie a une responsabilité collective, et « cela signifie ne ménager aucun effort pour trouver plus de gaz dans les Barents et que les travaux d’expansion de la capacité d’exportation se poursuivent », a déclaré le ministre du Pétrole et de l’Energie.
- Jusqu’à présent, la mer de Barents n’est pas celle où la Norvège puise la majeure partie de son gaz. Elle est même considérée comme le « petit frère », selon les termes de Aasland. Mais elle pourrait – voire devrait, selon certains – devenir un « grand frère » à l’avenir.
- Car les capacités sont là. Si les explorations dans la région se sont longtemps avérées infructueuses, quelques succès récents ont fait remonter les espoirs.
- Selon les dernières estimations de l’agence pétrolière norvégienne (NDP), la mer de Barents détient plus de 60% des ressources non découvertes du pays.
La Norvège doit faire un choix
Le problème : le jeu en vaut-il la chandelle économique et écologique ?
- A priori, lorsque des autorités publiques invitent des compagnies énergétiques à aller se servir sur leur territoire, celles-ci accourent. Mais dans ce cas-ci, il reste toutefois un obstacle.
- Quand bien même les futures explorations permettraient de découvrir de nouveaux gisements gaziers, il serait très compliqué d’exporter ce gaz. Car les infrastructures actuelles sont déjà à saturation.
- Toutes les entreprises énergétiques appellent donc les autorités publiques norvégiennes à lancer la construction d’un nouveau gazoduc partant de la mer de Barents vers le sud, jusqu’à rejoindre les autres pays européens. Sinon, leurs explorations ne pourraient pas être rentabilisées.
- L’idée est dans les cartons depuis déjà plusieurs années, mais elle se heurte à deux oppositions :
- La construction d’un nouveau pipeline gazier serait une incohérence majeure par rapport aux objectifs climatiques récemment annoncés par la Norvège.
- L’UE étant entrée en pleine transition énergétique, elle devrait normalement de moins en moins compter sur le gaz à l’avenir. Les investissements de la Norvège en la matière risqueraient finalement d’être trop importants au vu des quantités à livrer dans les prochaines années chez leurs alliés européens.