Non, le streaming musical n’est pas vert

Le streaming musical pourrait sembler être une alternative écologique aux formats physiques tels que le vinyle, les CD et les cassettes. Toutefois, ce n’est pas le cas, indique une étude de l’Université d’Oslo et de l’Université de Glasgow. Le passage aux applications musicales numériques n’a fait qu’accroître l’empreinte écologique du secteur de la musique.

Selon cette étude, la diffusion de musique numérique via des plateformes telles que Spotify et Apple Music entraînerait une augmentation sans précédent des émissions de gaz à effet de serre. L’industrie musicale contribue de la sorte plus que jamais au changement climatique, soutiennent les chercheurs.

La quantité de plastique utilisée pour créer des formats physique tels que le vinyle, les cassettes et les CD a considérablement diminué au fil des ans alors que le streaming gagnait en popularité. Cependant, les résultats de l’étude montrent que l’énergie utilisée pour stocker et distribuer les médias numériques a par contre un impact très négatif sur l’environnement.

Streaming

Le boom de la diffusion de musique en ligne a constitué un tournant important. « On pourrait croire que les augmentations de téléchargement et l’essor du streaming rendent la musique plus respectueuse de l’environnement. Toutefois, l’énergie utilisée pour alimenter l’écoute de la musique en ligne, son stockage et son traitement a un impact important sur l’environnement », explique Dr Kyle Devine, professeur de sciences de la musique de l’Université d’Oslo.

Durant la seconde moitié des années 1970, l’industrie musicale produisait 140 millions de kilos d’émissions de gaz à effet de serre par an. A cette époque, le vinyle était à son apogée. En 1988, année où les ventes de cassettes ont culminé, les émissions de gaz à effet de serre étaient de 136 millions de kilos par an. En 2000, lorsque les ventes de CD ont atteint un pic, les émissions de gaz à effet de serre étaient de 157 millions de kilos. En 2016, lors de la percée des services de streaming musical, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau compris entre 200 et 350 millions de kilos.

Toutefois, le boom streaming musical à ramené la quantité de plastique utilisée à seulement 8 millions de kilos. En 1977, l’industrie musicale utilisait 58 millions de kilos de plastique, contre 56 millions en 1988 et 61 millions en 2000.

Prix

Des recherches antérieures ont montré que les prix liés à la consommation de musique ont considérablement chuté à l’ère numérique. En 1977, le consommateur payait 28,55 dollars pour un seul album vinyle. En 1988, une cassette se vendait 16,66 dollars. En 2000, un CD coûtait généralement 21,59 dollars.

Via les services de streaming, les consommateurs ont maintenant accès à la plupart des morceaux pour seulement 9,99 dollars par mois.

« Les partisans des services numériques estiment pouvoir réduire considérablement leurs émissions dans le futur », ont expliqué des experts. De plus en plus d’opérateurs affirment qu’ils auront recours aux énergies renouvelables. Cependant, les critiques estiment que la demande croissante en énergie du secteur compromettra les avantages du passage à des sources d’énergie renouvelables.

Ce n’est pas la première fois que l’impact environnemental de l’industrie musicale fait l’objet d’une étude.

Une enquête de 2010 de l’Environmental Research Web avait montré que l’industrie musicale britannique produisait 540.000 tonnes de gaz à effet de serre par an. Trois quarts de ce total proviendrait des festivals et le quart restant de l’enregistrement et de la diffusion.

En 2009, le groupe de rock irlandais U2 a également fait l’objet de nombreuses critiques de la part des environnementalistes. A l’époque, un groupe de défenseurs de l’environnement avait expliqué que les 44 dates de concert du groupe provoqueraient la même quantité d’émissions de gaz à effet de serre qu’un vol spatial vers Mars.

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