Ni airbags ni capteurs ABS: privées de composants électroniques, les voitures russes vont retourner aux normes de 1988

Les sanctions économiques se font de plus en plus pressantes sur l’industrie russe, qui se voit surtout privée de composants électroniques. Des pièces de haute technologie d’abord, qui venaient principalement d’Europe et qui étaient essentielles au complexe militaro-industriel pour produire de nouveaux chars modernes ou de nouveaux missiles. Mais dans un contexte déjà marqué par les pénuries à l’échelle mondiale, voila que c’est le secteur civil qui se retrouve privé de puces électroniques.

Le gouvernement russe a pourtant trouvé une solution ad hoc à ce problème : alléger les normes pour la fabrication de véhicules dans le pays, et ce tant en termes de sécurité que de taux de pollution. Dans un décret promulgué le 12 mai dernier, le gouvernement a établi une liste des normes allégées pour pouvoir certifier les nouveaux véhicules produits dans le pays, rapporte BFM Business. Les fabricants nationaux sont dorénavant autorisés à ne pas équiper les véhicules de capteurs ABS ou d’airbags, ou encore de pré-tendeurs de ceintures de sécurité, soit des éléments qui demandaient l’installation de précieuses puces.

Des normes environnementales au niveau de 1988

En parallèle, le gouvernement russe a considérablement réduit les normes environnementales en vigueur sur les véhicules à moteur. Selon le journal russe Kommersant, cette décision revient à retourner en 1988 concernant les règles imposées au secteur automobile. Ce décret devrait rester en vigueur jusqu’au 1er février 2023.

Cette décision aura certainement des conséquences délétères à la fois pour la pollution atmosphérique émise par la Russie que pour la mortalité sur ses routes, mais elle est surtout symptomatique d’une économie aux abois que les autorités tentent de soutenir par tous les moyens.

Les sanctions occidentales ont privé les Russes de puces électroniques et de pièces détachées, tandis que de nombreuses firmes européennes ont, plus ou moins de bon gré, cédé à la pression de l’opinion et quitté le pays. C’est aussi le cas dans le secteur automobile après le départ annoncé de Renault – après moult tergiversations de la part de l’entreprise.

Le retour des voitures nationales

Les autorités tentent donc, là aussi, de persuader la population d’acheter russe. Après la vente par le groupe Renault, pour 1 rouble symbolique, de son usine moscovite, le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a aussitôt annoncé sur son blog vouloir nationaliser l’usine pour perpétuer sa “longue et glorieuse histoire” rapporte le Courrier international. Et relancer au passage la production d’un modèle historique, la Moskvitch, une voiture définitivement disparue en 2001 après avoir connu son heure de gloire du temps de l’Union soviétique, et plus précisément de la « grande époque » relativement prospère des années 1960 à 1980. Encore un signe donc que, face à l’isolement international du pays, le gouvernement russe veut faire passer l’autarcie comme un choix viable, voire naturel, pour le pays et sa population.

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