Dans la nuit de lundi à mardi, la NASA fera s’écraser délibérément une sonde sur un corps céleste à une vitesse de plus de 20.000 kilomètres par heure. Il le fera dans un but précis : l’agence spatiale américaine veut vérifier s’il est possible de modifier l’orbite d’un astéroïde.
Avec la mission Double Asteroid Redirection Test (DART), lancée en novembre 2021, la NASA va tenter de modifier légèrement l’orbite du rocher spatial Dimorphos. L’astéroïde se trouve à quelque 11 millions de kilomètres de la Terre et tourne autour d’un corps céleste plus grand, Didymos.
Ce sera la première fois dans l’histoire que l’on étudiera la possibilité d’ajuster l’orbite d’un astéroïde, une technique qui pourrait être utilisée ultérieurement pour prévenir les impacts sur la Terre.
Aucun danger pour la Terre
La technique, même si elle s’avère utile, ne fonctionnera que sur les astéroïdes qui sont encore très éloignés de la Terre. Après tout, leur orbite ne sera que très peu modifiée, mais à longue distance, cette différence deviendrait de plus en plus significative.
Autre note de bas de page : le Dimorphos n’est pas sur une trajectoire de collision avec notre planète et ne le sera pas après l’exécution réussie de la mission. C’est ce que la NASA l’a annoncé dans un communiqué de presse samedi.

Impact après minuit
Si tout se passe bien, la sonde, qui pèse environ 570 kilogrammes, s’écrasera sur Dimorphos à une vitesse de plus de 20.000 kilomètres par heure, un peu après minuit, heure belge. Le spectacle sera suivi par plusieurs télescopes, dont le télescope spatial James Webb.
Qu’un si petit objet puisse changer l’orbite d’une roche comme le Dimorphos est remarquable. Après tout, l’astéroïde a un diamètre d’environ 160 mètres et une masse d’environ 4,8 millions de tonnes, soit des millions de fois plus que la sonde DART. Néanmoins, la NASA s’attend à ce que l’impact ralentisse l’orbite de la roche autour de Didymos d’environ 5 à 10 minutes. Il faudra vérifier si elle y parvient dans les semaines à venir.

Complice italien
Bien que DART soit lui-même équipé de caméras, qui prendront une photo toutes les secondes à mesure que la sonde se rapprochera de l’astéroïde, il sera difficile d’en tirer grand-chose. En raison de son énorme vitesse de plus de 6 kilomètres par seconde, la roche spatiale semblera s’approcher très rapidement sur les photos, avant de s’arrêter soudainement. Il ne restera pas grand-chose de la sonde elle-même.
Pour cette raison, la NASA a envoyé un complice. Jusqu’à récemment, LICIACube (Light Italian CubeSat for Imaging Asteroids), un satellite miniature de 14 kilogrammes, se trouvait à bord de DART. Il a été libéré il y a quelques jours. Le « mini-photographe » survolera Dimorphos trois minutes après l’impact pour analyser ce qui s’est passé, ainsi que pour prendre des photos.
Plus tard, en 2026, l’Agence spatiale européenne (ESA) enverra une autre mission vers Didymos et Dimorphos. Ensuite, trois engins spatiaux effectueront d’autres recherches dans le cadre de la mission Hera. Ils seront en orbite autour de l’astéroïde pendant environ six mois.
(CP)