Mer Rouge : Tesla suspend sa production, alors que les USA et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen

Ce jeudi, Tesla a annoncé devoir suspendre une majeure partie de sa production dans son usine de Berlin. La faute à un manque de composants chinois provoqué par les problèmes en mer Rouge. Dans le même temps, la coalition internationale accélère le pas pour pousser les Houthis à arrêter leurs attaques.

Dans l’actu :

  • Jeudi soir, Tesla a indiqué être contraint de suspendre une grande partie de sa production dans son usine allemande. Cela devrait durer deux semaines.
  • Le constructeur américain est le premier à l’annoncer aussi explicitement : d’autres devraient suivre.

Tesla déplore les attaques en mer Rouge

Les détails : « un vide dans les chaînes d’approvisionnement » de Tesla.

  • Dans un communiqué, Tesla a expliqué que la production dans sa Gigafactory de Berlin sera suspendue pendant deux semaines, « à l’exception de quelques sous-secteurs ».
  • Selon l’entreprise américaine, cette suspension aura lieu du 29 janvier au 11 février.
  • « Les conflits armés en mer Rouge et le déplacement des routes de transport entre l’Europe et l’Asie via le Cap de Bonne-Espérance ont également des répercussions sur la production à Grünheide », a expliqué Tesla.
  • « L’allongement considérable des temps de transport crée un vide dans les chaînes d’approvisionnement », a ajouté le fabricant de véhicules électriques.

Les explications : les conséquences d’une trop forte dépendance à l’égard de la Chine.

  • Si d’autres entreprises avaient déjà dit craindre des retards de livraison en raison des événements en mer Rouge, Tesla est la première à parler ouvertement de suspension de production.
  • Il faut dire que l’entreprise d’Elon Musk est particulièrement dépendante de la Chine. Notamment pour les composants de ses batteries. Or, c’est justement le trafic Asie-Europe qui est ralenti par la déviation des navires via la pointe sud de l’Afrique.
  • De nombreuses autres entreprises – notamment dans l’automobile – devraient être bientôt touchées. « On ne peut pas croire qu’ils soient seuls, ils sont seulement les premiers à réfléchir au problème », a confié à Reuters  Sam Fiorani, vice-président d’AutoForecast Solutions, qui suit les chaînes d’approvisionnement et la production automobiles.

La riposte occidentale s’intensifie

Le contexte : les USA et le Royaume-Uni frappent les Houthis au Yémen.

  • La plupart des compagnies maritimes ne font plus passer leurs bateaux par le canal de Suez. La déviation via le Cap de Bonne-Espérance est coûteuse :
    • En temps : le voyage prend une dizaine de jours de plus.
    • En argent : il nécessite environ 1 million de dollars de carburant supplémentaire.
  • Mais elles n’ont pas vraiment le choix. Depuis plusieurs semaines, les rebelles houthis mènent des attaques en mer Rouge en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza.
  • Cette nuit, le Royaume-Uni et les États-Unis ont mené des frappes contre les Houthis dans plusieurs villes du Yémen, un pays qu’ils contrôlent en partie.
    • L’Australie, le Canada, Bahreïn et les Pays-bas ont également apporté leur soutien à l’opération.
    • Une réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge », selon le président américain Joe Biden.
  • Ces frappes ont ciblé des entrepôts de drones, de missiles balistiques et de croisière, et centres de commandement de ces derniers. Selon la chaîne de télévision houthie Al Masirah, le port Hodeidah a également été touché. Or, c’est par là que transite une grande partie de l’aide humanitaire à la population yéménite.
  • En plus de ces frappes occidentales au Yémen, une coalition internationale existe déjà en mer Rouge pour intercepter les drones et missiles lancés par les Houthis. En début de semaine, elle a permis de neutraliser 18 drones et 3 missiles ciblant des tankers.

Soutenus par l’Iran, les Houthis disent que ça ne les arrêtera pas

Et maintenant : à quoi s’attendre ?

  • Pour l’instant, les Houthis assurent que les frappes occidentales ne les empêcheront pas de continuer leurs actions en mer Rouge. Ils les jugent par ailleurs « injustifiées ». Car ils affirment ne s’en prendre qu’aux navires liés à Israël. Ils ne feraient donc pas peser de menace sur le trafic maritime international. Ce qui est faux.
    •  « Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression », a déclaré Hussein Al-Ezzi, vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis.
  • Notons que l’Iran a rapidement condamné les bombardements ciblant les Houthis – qu’il soutient – au Yémen. Il y voit une « violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen ainsi que des lois internationales (…). »
    • Cet épisode marque sans nul doute une escalade dans les tensions entre les pays occidentaux et l’Iran.
Les trois principau endroits vers lesquels les USA et le Royaume-Uni ont dirigé leurs frappes contre les Houthis au Yémen cette nuit. (Yasin Demirci/Anadolu via Getty Images)
Les trois principales villes vers lesquelles les USA et le Royaume-Uni ont dirigé leurs frappes contre les Houthis au Yémen cette nuit. (Yasin Demirci/Anadolu via Getty Images)
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