Depuis quelques semaines, plusieurs pays de l’Union européenne ont décidé de réserver le vaccin AstraZeneca aux plus âgés (plus de 55, 60 ou 65 ans). Ce mercredi, les experts britanniques ont émis une recommandation similaire, plaçant toutefois la barre bien plus bas.
Ce mercredi, l’Agence européenne du médicament (EMA) a confirmé un ‘lien possible’ entre le vaccin AstraZeneca et ‘de très rares cas de caillots sanguins inhabituels avec des plaquettes sanguines basses’. L’agence de l’UE n’a toutefois pas émis de restriction quant à son utilisation envers une certaine catégorie d’âge et a confirmé que la balance bénéfice/risque restait positive.
Mais nul n’est prophète dans son pays. En même temps que l’annonce de l’EMA, les experts britanniques ont recommandé de donner un autre vaccin qu’AstraZeneca aux personnes en bonne santé de moins de 30 ans, s’il est disponible dans leur région et si ces personnes ne présentent pas un risque élevé vis-à-vis du Covid-19.
Cette recommandation a été émise par le Joint Committee on Vaccination and Immunisation(JCVI), un comité consultatif d’experts indépendants qui conseille le gouvernement britannique. Il ne s’agit donc pour l’instant que d’un avis. C’est le gouvernement qui devra décider de faire appliquer cette mesure ou non.
Pourquoi les moins de 30 ans ?
Au Royaume-Uni, jusqu’au 31 mars, 79 cas de ces caillots sanguins avec un faible taux de plaquettes ont été signalés suite à une première injection du vaccin AstraZeneca. 51 victimes étaient des femmes, 28 des hommes. Ces thromboses ont débouché sur 19 décès, bien qu’il n’a pas été prouvé que les caillots sanguins ont chaque fois été la cause de la mort. Parmi ces 19 victimes décédées, seules 3 avaient moins de 30 ans.
Si les experts du JCVI conseillent d’administrer un autre vaccin aux moins de 30 ans, ce n’est donc pas car ceux-ci encourent davantage de risques. Mais bien car ils sont moins vulnérables face au coronavirus. Dans les groupes d’âge plus élevés, les avantages de la vaccination l’emporteraient largement sur le risque d’effets secondaires rares.
‘Il s’agit d’une correction de trajectoire. […] En médecine, il est tout à fait normal que les médecins modifient leurs préférences en matière de traitement des patients au fil du temps. Si vous faites naviguer un énorme paquebot à travers l’Atlantique, il n’est pas vraiment déraisonnable que vous ayez à effectuer au moins une correction de trajectoire’, a expliqué le professeur Jonathan Van-Tam, médecin en chef adjoint de l’Angleterre.
D’après lui, cette nouvelle recommandation devrait avoir un impact ‘nul ou négligeable’ sur l’objectif du Royaume-Uni de vacciner de tous les adultes d’ici juillet, pour autant que les stocks d’autres vaccins arrivent comme prévu.
Un lien de causalité pas encore pleinement établi
Enfin, précision que la Medicines and Healthcare Products Regulatory Authority (MHRA) (l’EMA britannique, ndlr) affirme ne pas avoir encore établi l’existence d’un lien de causalité entre le vaccin AstraZeneca et les très rares cas de caillot sanguin.
‘Les preuves se précisent. Bien qu’il y ait une forte possibilité, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour pleinement établir que le vaccin a provoqué cet effet secondaire’, a déclaré la Dr June Raine, directrice de la MHRA.
Elle a également rappelé que le risque de caillot sanguin restait ‘extrêmement faible’.
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