Le groupe énergétique français EDF a annoncé que les coûts de la centrale nucléaire en construction à Hinkley Point, au Royaume-Uni, pourraient augmenter de 3 milliards de livres sterling supplémentaires. La plus grande compagnie d’électricité du continent prévient également que les travaux de construction seront – une fois de plus – retardés, l’achèvement du projet prenant une année supplémentaire.
Dans un communiqué, EDF estime que la centrale de 3,2 gigawatts pourrait coûter au total 25 à 26 milliards de livres (26 à 27 milliards d’euros). Lorsque la centrale a reçu le feu vert en 2016, le géant français de l’énergie pensait encore que la facture s’élèverait à environ 18 milliards de livres (21 milliards d’euros).
Selon EDF, le retard dans la construction sera dû à un manque de personnel causé par la crise du coronavirus. En outre, le projet souffre d’une chaîne d’approvisionnement défaillante et de la dépréciation monétaire, qui font grimper le coût des travaux.
Le premier des deux réacteurs qui seront installés à Hinkley Point C devrait désormais commencer à produire de l’électricité en juin 2027, soit un an plus tard que prévu.
« Aucun impact sur les consommateurs britanniques »
EDF a dû à plusieurs reprises revoir à la hausse le coût du projet. Lors de son dernier examen en janvier 2021, le service public avait encore estimé le total à 23 milliards de livres (27 milliards d’euros).
Les Français soulignent que les coûts supplémentaires n’affecteront pas les consommateurs britanniques. Les coûts de construction seront supportés par EDF et son partenaire junior dans le projet, l’entreprise publique chinoise CGN (China Guangdong Nuclear Power Group). Celles-ci ont obtenu un contrat d’une durée de 35 ans, qui garantit un prix de 92,50 £ par mégawattheure d’électricité produite, à augmenter en fonction de l’inflation, selon le journal économique britannique Financial Times (FT).
Par ailleurs, le rôle des Chinois dans le projet (CGN détient une participation de 20 % dans la future centrale nucléaire) n’est pas exempt de controverse. L’année dernière, le gouvernement britannique étudiait encore les moyens d’écarter l’entreprise publique chinoise de ses projets d’énergie nucléaire. Les Britanniques ont notamment tenté de conserver leur participation dans Hinkley jusqu’à ce qu’elle puisse être vendue à des investisseurs institutionnels.
« Les retards ne sont pas surprenants »
De nouveaux retards ne surprendront pas les détracteurs de l’entreprise française, note encore le FT.
En France, par exemple, la centrale nucléaire de Flamanville 3 d’EDF a pris jusqu’à dix ans de retard. Là aussi, les coûts ont grimpé en flèche, entraînant à un moment donné une réprimande du gouvernement français.
Outre les problèmes liés aux nouveaux projets, EDF a dû faire face à l’arrêt de plusieurs réacteurs existants en France en raison de problèmes de soudure, ce qui a conduit la production d’énergie nucléaire dans ce pays à son niveau le plus bas depuis des décennies.
L’énergie nucléaire est centrale
Le gouvernement britannique place l’énergie nucléaire au cœur de l’objectif de zéro émission de carbone d’ici 2050. Il est donc prévu qu’environ un quart de l’approvisionnement énergétique de la Grande-Bretagne provienne de centrales nucléaires d’ici 2025.
Au fur et à mesure que les vieilles centrales nucléaires seront mises hors service, de nouvelles centrales seront nécessaires pour les remplacer. EDF va construire quatre nouveaux réacteurs de puissance évolutifs (EPR). Il s’agit de centrales nucléaires de troisième génération, basées sur des réacteurs à eau pressurisée construits dans les années 1970 et 1980, plus sûrs et plus efficaces. Deux sont en cours de construction à Hinkley Point et deux à Sizewell.