Materr’UP, enfin un game-changer dans l’industrie ultra-polluante du béton?

La start-up industrielle Materr’UP produit des bétons bas carbone à partir d’un ciment d’argile. L’entreprise française, qui vient de lever 3 millions d’euros, entend ainsi aider à réduire l’empreinte carbone du secteur de la construction.

Materr’UP a annoncé ce mardi avoir bouclé un premier financement de 3 millions d’euros. La jeune entreprise, qui a mis au point une technologie innovante permettant de convertir des terres excavées et de l’argile en béton bas carbone, prévoit dès lors de construire sa première usine pilote l’année prochaine. D’une petite production de quelques dizaines de tonnes, la start-up pourra ainsi passer à un stade semi-industriel et produire plusieurs milliers de tonnes de son béton chaque année.

Loin d’être anecdotique, le béton bas carbone est enjeu majeur de la lutte contre le changement climatique. Selon un rapport publié en 2018 par le think-tank britannique Chatham House, la production de béton représente environ 8% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale.

‘Relocaliser la production de ciment’

‘La rupture réside dans le ciment d’argile, un liant breveté qui constitue le cœur de notre technologie et génère une réduction de 50 à 80% des émissions de CO2’, explique aux Echos Mathieu Neuville, président de cette jeune entreprise lancée fin 2018. ‘Cette matière première, produite localement, permet de régionaliser notre chaîne de valeur et ainsi de relocaliser la production de ciment.’

Le béton d’argile se pose de façon identique au béton à base de ciment classique et doit permettre de remplacer le ciment Portland par le liant Materr’UP et de l’argile. En outre, le mélange obtenu ne nécessite pas de cuisson.

En plus de ses qualités environnementales (intégralement recyclable sans perte de performance mécanique, meilleur bilan carbone…), le béton d’argile présente également de bonnes performances thermiques et hygroscopiques (évacuation de l’humidité dans l’air).

‘Barrière psychologique’

‘Notre technologie Crosslinked Clay Cement (3C) a germé sur le terreau de nos expériences croisées d’ingénieurs dans les laboratoires de R&D chez Lafarge et Total, ainsi que la conception de bâtiments en terre crue’, détaille encore Mathieu Neuville, qui espère ‘répondre aux enjeux majeurs de l’urgence climatique en industrialisant le matériau terre, tout en le rendant accessible au plus grand nombre’.

‘La principale barrière est d’ordre psychologique sur l’utilisation du matériau terre pour la construction à grande échelle’, conclut-il.

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