Une grande partie de l’incertitude qui règne sur le secteur financier peut être attribuée à l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur les portefeuilles d’obligations des banques. Dans une telle situation, ces obligations perdent de leur valeur, ce qui se traduit par des pertes virtuelles. Par conséquent, lorsque les institutions financières sont contraintes de vendre ces obligations, elles peuvent se retrouver en difficulté financière. La Silicon Valley Bank en est un bon exemple.
Paradoxe sur les marchés financiers : la baisse des taux d’intérêt ne peut pas éliminer l’incertitude concernant les banques

Pourquoi est-ce important ?
Depuis l'effondrement de certaines banques régionales aux États-Unis, les marchés boursiers ont été durement touchés. À cela se sont ajoutées les inquiétudes concernant Credit Suisse la semaine dernière. Entretemps, le gouvernement suisse a réussi à convaincre UBS de reprendre la banque en difficulté. Mais cela ne suffit pas à ramener le calme sur les marchés financiers.Dans l’actualité : Les marchés boursiers sont toujours dans la tourmente. Même la reprise du Credit Suisse par UBS ne parvient pas à calmer les esprits. Les actions bancaires subissent à nouveau des pertes. L’indice bancaire européen – STOXX Europe 600 Banks – était en baisse de plus de 5 % peu après l’ouverture des marchés. Les investisseurs sont donc à la recherche de valeurs refuges, telles que le bitcoin et l’or.
- Le cours du bitcoin a de nouveau franchi la barre des 28.000 dollars. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis juin de l’année dernière.
- Le prix de l’or a dépassé les 2.000 dollars l’once troy, son plus haut niveau depuis mars 2022.
Baisse des taux d’intérêt
Impact sur les obligations : Les obligations d’État gagnent également en popularité. Cela entraîne une baisse des taux d’intérêt.
- Le taux d’intérêt à 10 ans en Allemagne – la plus grande économie d’Europe – est passé sous la barre des 2 %. Au début du mois, les taux d’intérêt avaient encore atteint la barre des 2,5 %.
- La baisse des taux d’intérêt devrait en principe être une bonne nouvelle pour les actions des banques. Celles-ci ont perdu du terrain la semaine dernière après la disparition de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank. Les banques californiennes ont chuté parce qu’un bank run les a obligées à vendre prématurément les obligations qu’elles détenaient en portefeuille. Or la valeur de ces titres avait fortement chuté en raison de la hausse des taux d’intérêt, ce qui a causé d’énormes pertes.
Maintenant que les taux d’intérêt baissent, Tom Simonts, économiste financier à la KBC, parle d’un paradoxe. Il explique sur Twitter que la baisse des taux d’intérêt augmente la valeur des obligations, érodant ainsi la base de l’incertitude des banques, à savoir les pertes en capital non réalisées. « La banque de la Silicon Valley aurait peut-être même pu réaliser un bénéfice aujourd’hui », affirme-t-il.
Le rachat inquiète les investisseurs
Rachat du Credit Suisse : Entretemps, l’attention des marchés s’est portée sur le rachat du Credit Suisse par UBS. Les investisseurs tentent de donner un sens à cette acquisition.
- Ces derniers jours, le gouvernement suisse a tout mis en œuvre pour parvenir à un accord d’acquisition. On espérait que ce sauvetage ramènerait le calme sur les marchés boursiers, mais en vain.
- Dans le cadre de cette reprise, la valeur de quelque 15,8 milliards de francs suisses de titres dits AT1 – un type d’obligations – a été ramenée à 0. Cette dépréciation a amené les investisseurs de ce marché de 275 milliards de dollars à s’interroger sur le degré de protection offert par ces instruments d’investissement en cas de crise. Ils pensaient auparavant qu’ils n’étaient pas exposés au même risque avec les titres AT1 qu’avec les actions.
- En outre, les actions du Credit Suisse avaient toujours une valeur résiduelle de 0,76 franc suisse par action
- Par ailleurs, les investisseurs s’interrogent sur le déroulement de l’acquisition. Elle s’est faite sans l’approbation des actionnaires, ce qui n’est pas normal.
(JM)