Magnette et De Wever au long cours: ‘Le Club des 5 est solide comme un roc’

La ‘Bulle de 5’, créée par De Wever et Magnette resserre les rangs. Outre la N-VA et le PS, y figurent le sp.a, le CD&V et le cdH. Pour rappel, ils forment ensemble 69, 70 voire 71 sièges sur 150 (avec les indépendants Émir Kir et Jean-Marie Dedecker). Il ne manque pas grand-chose pour accrocher une majorité. Mais ce petit quelque chose fait toute la différence. Quoi qu’il en soit, le duo de préformateurs ne veut pas se précipiter à un stade si avancé. C’est pourquoi leur mission devrait être prolongée chez le roi ce samedi. Les quatre partis libéraux et écologistes sont tous en ligne de mire. Mais un seul suffit.

Sans verser dans la panique, la situation sanitaire doit être surveillée de près. Lundi, quelque 724 nouveaux cas ont été détectés, soit le total le plus élevé depuis fin avril. Ce chiffre doit toutefois être relativisé par le nombre d’admissions dans les hôpitaux qui augmente très légèrement: autour de 25 par jour.

Bruxelles entend étendre le port du masque sur toute la région si la situation se dégrade encore. Le port du masque à l’extérieur ne repose pourtant sur aucune base scientifique, mais si cela peut servir d’avertissement à la population, pourquoi pas. Les autorités locales et régionales montrent qu’elles se bougent.

C’est dans ce contexte que la formation d’un gouvernement fédéral doit aboutir. La crise économique se vit dès aujourd’hui pour un tas de secteurs. Tout le monde est conscient de l’urgence de la situation.

Mais Bart De Wever et Paul Magnette ne comptent pas pour autant confondre vitesse et précipitation, même si ce discours est difficilement audible près de 600 jours après la chute du précédent gouvernement.

Gouvernement minoritaire

Après leur rencontre avec les écologistes, les deux préformateurs ont réuni le club des 5. Une longue réunion où tous les scénarios ont été envisagés. Il en est ressorti un renforcement des liens entre cinq partis, nous dit-on : fini les jeux politiques, il est temps de prendre ses responsabilités.

Cela montre un certain contraste avec le retour d’une potentielle coalition Vivaldi ressortie des tiroirs, notamment au sein du MR. Mais plus grand-monde n’y croit, pas même au PS: ‘Nous attachons désormais très peu de foi à de telles constructions’, explique une source de premier plan. ‘Les gens continuent à rêver de choses qui sont passées depuis longtemps’, abonde une autre source au sein de la N-VA.

Il est clair aux yeux de tous que la meilleure solution est de voir un 6e parti rejoindre le club des 5. Mais face à l’union affichée des libéraux, et du rejet en l’état de la note par les écologistes, d’autres scénarios ont été pistés.

Notamment la composition d’un gouvernement minoritaire à 5. ‘Il existe de telles constructions partout en Europe, environ la moitié des pays européens ont des gouvernements minoritaires. Ce ne serait donc rien d’exceptionnel’, raisonne le PS. Mais cela suppose de trouver un partenaire à la Chambre pour chaque sujet, y compris les politiques qui font débat. Avec 70 sièges, toutefois, une abstention d’un parti suffit, il ne doit pas nécessairement voter en faveur de telle ou telle disposition. À voir concrètement comme cela pourrait se passer.

Une certitude: les 5 ne veulent plus du prolongement du gouvernement Wilmès. ‘Son approche a longtemps été la preuve d’une politique anxieuse et hésitante. Nous n’avons plus besoin de ça’, tacle un négociateur. Si la Première ministre s’en est relativement bien sortie, son initiative pour établir un plan de relance avec des acteurs de terrain, en coulisses, est très peu goûtée par les 5. En ce compris le CD&V qui semble rompre une bonne fois pour toutes avec ses anciens partenaires libéraux.

Expulsion du MR du gouvernement wallon?

Est-ce que ce partenaire privilégié, mais en dehors du gouvernement, pourrait être Ecolo ? Un énorme jeu de dominos serait même envisagé, expulsant le MR du gouvernement wallon au profit du cdH. Après tout, pour le moment, les Verts ne sont pas nécessaires dans le sud du pays. Ils pourraient trouver dans cette manœuvre un avantage certain et peser davantage sur les politiques wallonnes.

Malgré une entente apparente au sein du gouvernement wallon, on sait que les interventions de Georges-Louis Bouchez, notamment sur le dossier des panneaux photovoltaïques, ont été très peu appréciées. Et il ne faudrait pas oublier qu’entre le MR et Ecolo, il y a tout un passif qui n’a certainement pas été oublié. Les deux partis se sont écharpés durant la campagne. Et le mot est faible.

Reste que cette manœuvre serait un sacré retournement de situation. Il faudrait l’expliquer aux électeurs, et justifier l’écartement de Groen dans la foulée.

De plus, les interviews de Jean-Marc Nollet sur La Première et LN24 n’ont pas apporté une grande confiance dans la mise en place de ce scénario. ‘Cette note, elle a été pensée pour les libéraux pas pour les Verts’, ‘c’est l’antichambre du confédéralisme’, encore bien plus que dans le communiqué de presse, le ton a été acéré. Mais le coprésident d’Ecolo a interrompu ses vacances dans les Alpes, ce qui a d’ailleurs donné lieu à une jolie escapade en train à travers l’Europe. ‘Vous ne faites pas cela si vous n’êtes pas intéressé un minimum’, résume un insider.

Poker menteur

Il y a au moins autant de chances pour que tout ceci ne soit qu’un immense coup de bluff. Face au scénario du pire, les libéraux pourraient revoir à la baisse leurs revendications, voire même se désolidariser si tout venait à s’effondrer pour le MR.

On n’avait pas dit la fin des jeux politiques?

Mais Paul Magnette et Bart De Wever ne sont pas pressés. Après tout, ils négocient depuis trois semaines alors que les ‘trois rois’ ont négocié pendant huit semaines sans résultat final.

‘Ni Bart ni Paul ne va tirer les choses en longueur pour le plaisir. Mais entre-temps, un travail acharné a été réalisé. Nous sommes plus avancés que jamais dans la formation du gouvernement fédéral. Si nous déterminons que cela ne progresse plus, oui, nous stopperons. Mais tant qu’il y aura des options, nous continuerons,’ commente-t-on au PS.

En attendant, aucune invitation n’a été lancée aux libéraux, ce qui les a un peu surpris. Certains, comme Egbert Lachaert, avaient pourtant décidé de repousser leurs vacances. Une source hautement placée rétorque: ‘Si Lachaert avait proposé une offre peut-être plus réaliste au lieu du programme électoral du parti libéral, nous aurions pu être beaucoup plus avancés aujourd’hui.’

Alors oui, une nouvelle rencontre avec les libéraux aura lieu, mais ce ne sera sans doute pas avant samedi et la visite des préformateurs chez le roi.

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