Le président Emmanuel Macron a déclaré dans une interview au magazine Le Grand Continent, ‘que la mondialisation est confrontée à une crise sans précédent provoquée par l’explosion simultanée des 3 référentiels historiques qui forment sa structure sous-jacente’.
Les trois cadres de références sont :
- Un cadre multilatéral, basé sur les valeurs de l’ONU, qui existe depuis 1945. Il est de plus en plus remis en question.
- Le mouvement qui a garanti la libération des peuples et de la société. Il est basé sur les contestations de 1968. Aujourd’hui, il est remis en cause par la montée du néo-conservatisme.
- Le retour des régimes totalitaires qui semblaient vaincus pour de bon après la chute de l’URSS en 1989.
Selon Macron, deux étapes stratégiques sont nécessaires pour sortir le monde et surtout l’Europe de cette impasse. Dans ce contexte, il parle d’un nouveau chapitre de l’histoire du monde, qu’il appelle ‘consensus de Paris’, et qui devrait succéder au ‘consensus de Washington’.
1. Un nouveau type de capitalisme
Le président français explique qu’un nouveau type de capitalisme est nécessaire. Cela mettrait un terme au développement international fondé uniquement sur un marché libéralisé, mondial et ouvert, qu’il nomme ‘consensus de Washington’. Pour Macron, ce modèle de capitalisme est intenable. L’Europe doit enfin apprendre par elle-même en intégrant deux facteurs:
- Le changement climatique ne peut plus être considéré comme un facteur extérieur au marché.
- Il en va de même pour les inégalités de revenus, trop longtemps sous-estimées. C’est le résultat de la transformation de nos économies depuis 1980.
Macron voudrait donc intégrer à la fois le changement climatique et les inégalités de revenus dans son nouveau modèle.
Il est intéressant de noter dans cette histoire que le plus grand accord de libre-échange en Asie a été signé le week-end dernier et qu’aucun des facteurs susmentionnés n’en fait partie.
2. Réinventer la place de l’Europe dans le monde
L’Union européenne ne peut plus être ‘juste un marché unique’. L’institution doit développer sa propre stratégie autonome, afin de devenir un équilibre entre les États-Unis et la Chine. Pour y parvenir, l’UE doit devenir technologiquement indépendante de ces deux pays, par exemple en termes de technologies 5G ou de cloud computing.
En outre, Macron remet en question le statut du dollar américain en tant que monnaie de réserve. Quiconque négocie en dollars peut, selon le président français, être contraint de mettre fin à ses affaires commerciales par les Américains, et ce de manière totalement arbitraire. Un fait intenable sur le long terme, qui met en péril notre souveraineté.
Au final, selon Macron, le grand projet de l’UE doit inclure la volonté de devenir ‘la première puissance mondiale en matière d’éducation, d’assainissement, de technologies numériques et de transition écologique’.