Que se passerait-il si les États-Unis décidaient de couper la Chine du dollar?

Si Donald Trump décidait de tout mettre en œuvre pour couper la Chine du système mondial de paiements le plus puissant, les conséquences pourraient être très lourdes.

Alors que les tensions entre la Chine et les États-Unis s’intensifient depuis plusieurs mois, ces désaccords ont jusqu’ici eu des impacts limités, mais cela pourrait changer si Donald Trump décidait de tout mettre en œuvre pour couper la Chine du dollar. 

Donald Trump dispose de 3 moyens pour placer un autre pays sous la contrainte: 

  1. Il pourrait refuser l’accès des banques de ce pays à la chambre de compensation du système de paiements interbancaires (CHIPS), une chambre basée à New York par laquelle transitent 95 % de toutes les transactions en dollars. 
  2. Il pourrait forcer Swift (un système de virements internationaux, basé en Belgique et que 11.000 de banques dans le monde utilisent pour effectuer des paiements transfrontaliers) à exclure de ses membres les États qui sont ‘en infraction’. 
  3. Il pourrait imposer un embargo à l’économie du pays en question, en menaçant de punir toute institution financière étrangère ou nationale qui utilise des dollars (comme le font pratiquement toutes les banques) pour effectuer des transactions avec les entreprises sous embargo.

Ces tactiques ont été testées sur l’Iran, la Corée du Nord, le Venezuela, de ‘petites’ économies avec lesquelles l’Amérique n’avait que peu de relations. Le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama, n’avait d’ailleurs pas hésité à les utiliser contre la Russie en 2014. 

Et avec la Chine ?

Les États-Unis échangent avec la Chine des biens à hauteur de 560 milliards de dollars par an. Les quatre plus grandes banques de la Chine comptent parmi les plus importantes au monde en termes d’actifs, avec d’importants portefeuilles de prêts et de passifs en dollars. Les conséquences seraient donc bien plus lourdes. 

Ces dernières seraient semblables à une onde de choc qui frappe les marchés financiers, déjà touchés par la pandémie. ‘La monnaie chinoise, ainsi que celles qui la suivent, comme le dollar taïwanais ou le won sud-coréen, en souffriraient’, explique Claire Huang d’Amundi, une gestionnaire d’actifs.

Quelle serait la réaction de la Chine?

Elle aurait beaucoup plus fréquemment recours à son alternative locale de SWIFT, appelée CIPS. Elle tenterait également de persuader les alliés européens de l’Amérique (et ailleurs dans le monde) que Washington se comporte de manière irresponsable. Et il suffirait de peu pour convaincre beaucoup de monde vu les circonstances actuelles….

Le yuan, qui ne revêt actuellement qu’une importance marginale dans la finance et le commerce internationaux, prendrait lui davantage de poids au détriment de l’Amérique.

Un moyen de dissuasion de taille

La Chine userait également de représailles. Elle pourrait fermer ses marchés aux banques et aux entreprises occidentales, les bloquer dans ses projets d’infrastructure et limiter l’accès des États-Unis aux ressources naturelles et aux biens de base qu’elle contrôle.

La Chine dispose également d’un moyen de dissuasion de taille: elle pourrait vendre son portefeuille d’obligations américaines en liquidant son stock de 1,1 trilliard de dollars de bons du Trésor américains (des titres obligataires à intérêt fixe garanti émis par le gouvernement américain, dont la maturité est la plus longue, avec une échéance qui varie entre 10 et 30 ans).

Les marchés obligataires américains pourraient peut-être subir le choc mais sans certitude. La plupart des experts ne considèrent pas le dumping de ses bons du Trésor comme une option sérieuse pour la Chine, qui n’a guère intérêt à déstabiliser son système de réserves de devises. Mais force est de constater que l’Amérique ne serait peut-être pas le seul pays capable de s’autodétruire au service de la sécurité nationale.

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