Alors que la menace que représente la Chine dans divers domaines ne cesse de croitre, la stratégie de l’Union européenne à son encontre doit être renforcée, affirme le service extérieur du bloc en vue d’une réunion des États membres à ce sujet.
Les États-Unis ne sont pas les seuls à voir d’un mauvais œil le développement de la Chine. Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) s’inquiète également de la menace croissante que représente l’Empire du Milieu pour l’Union et demande aux ministres européens d’adopter une ligne plus dure à son égard.
En prévision de la révision de la stratégie de Bruxelles envers Pékin, le SEAE a élaboré un rapport auquel le Financial Times a eu accès. Dans ce dernier, le service européen conseille aux ministres européens de considérer la Chine comme un concurrent total dans divers domaines. Il recommande également une collaboration plus étroite avec les États-Unis, un renforcement des défenses contre les cybermenaces, ainsi qu’une diversification des chaines d’approvisionnement. Approfondir les liens avec d’autres puissances de l’Indopacifique serait également une bonne idée.
« La Chine est devenue un concurrent mondial encore plus fort pour l’UE, les États-Unis et d’autres partenaires partageant les mêmes idées », souligne le SEAE dans son rapport. « Il est donc essentiel d’évaluer la meilleure façon de répondre aux défis actuels et prévisibles ». Ces derniers sont susceptibles « d’élargir la divergence entre les choix et positions politiques de la Chine et les nôtres », selon le document.
« La Chine ne changera pas »
Le rapport souligne que concurrencer économiquement la Chine ne suffit pas, il faut également le faire sur le plan politique. D’autant plus que les relations entre Bruxelles et Pékin se sont détériorées depuis quelques années, suite à des différends commerciaux, des sanctions réciproques et l’absence d’accord mutuel concernant divers sujets.
Des tensions qui se sont récemment accentuées, notamment avec le soutien de la Chine à la Russie dans son invasion de l’Ukraine et les critiques directes envers les démocraties occidentales, ses menaces envers Taïwan, mais aussi ses manquements aux droits de l’Homme à Hong Kong et son traitement de la minorité ouïghoure.
Le rapport suggère d’ailleurs que l’UE devrait reconnaitre que « les activités et les positions de la Chine dans les organisations multilatérales illustrent sa détermination à promouvoir systématiquement une vision alternative de l’ordre mondial, où les droits de l’homme individuels sont subordonnés à la souveraineté nationale et où le développement économique et social prend le pas sur les droits politiques et civils ».
Réévaluer sa position et la renforcer si besoin
« Nous devons tenir compte des évènements graves qui se sont produits au cours de l’année écoulée » pour réviser la position de l’UE vis-à-vis de la Chine, a déclaré un haut responsable de l’Union, alors que le président chinois Xi Jinping a critiqué « l’ingérence étrangère » et « le protectionnisme et l’intimidation » d’autres pays lors d’un discours ce dimanche.
Les conclusions du SEAE, selon lesquelles la considération de l’UE de la Chine comme un partenaire-concurrent est dépassée, seront discutées par les ministres des Affaires étrangères de l’UE ce lundi lors d’une réunion en prévision d’un débat sur la Chine qui débutera ce jeudi.
Quant aux domaines de coopération potentielle avec la Chine, le rapport fait état d’un nombre très limité d’options. Le pays n’est d’ailleurs plus considéré comme « un partenaire stratégique de l’UE dans la lutte contre le changement climatique ».