‘L’Italie est un pays sans avenir’, écrit le journal économique Il Sole après avoir consulté le rapport démographique annuel publié cette semaine par le service de statistique italien, Istat.
Le pays connait une tempête démographique. Il y a non seulement une diminution des naissances, mais aussi une augmentation des décès, une baisse de l’immigration et une hausse de l’émigration. La somme de tout cela ? La population italienne a diminué de 551.000 personnes au cours des 5 dernières années sur un total de 60 millions.
Selon Istat, la diminution de la population est due à des facteurs structurels qui ont contribué à une baisse des naissances. Par exemple, la population en âge de procréer devient de moins en moins nombreuse en raison d’une baisse de la natalité observée pour la première fois au milieu des années 1970.
En outre, l’immigration n’est plus en mesure de combler le déficit. L’année dernière, le nombre d’enfants nés de parents étrangers a baissé de 4%. Le nombre d’immigrants a diminué de 8,6% en 2019, alors le volume d’émigrants a augmenté de 8,1%.
La crise financière
La baisse de natalité est également une conséquence de la crise financière de 2008, qui a fortement touché l’Italie en comparaison aux autres pays européens. La dépopulation commence au cours de cette période. Et depuis, l’écart entre les deux courbes démographiques (les décès en rouge et les naissances en bleu) n’a cessé de croitre année après année.
Le rapport fait aussi état d’inégalités géographiques. Le dépeuplement est beaucoup moins dramatique dans le nord du pays, économiquement plus riche, que dans le sud, plus pauvre. Les métropoles industrielles du nord confirment leur statut de région attractive. Tandis que le sud fait face à un dépeuplement chronique depuis plusieurs décennies.
Au 31 décembre 2019, 194 nationalités différentes étaient présentes sur le territoire. Les pays les plus représentés sont la Roumanie (1,2 million), l’Albanie (441 000), le Maroc (432 000), la Chine (305 000) et l’Ukraine (240 000). Ensemble, ils représentent environ la moitié du nombre total d’étrangers dans le pays.
Les réactions politiques
Selon le président italien Sergio Matarella (78 ans), ‘le problème démographique menace l’existence même du pays, car il en affaiblit le tissu’.
Le mois dernier, le gouvernement a présenté le ‘Family Act’. La loi regroupe 8 mesures pour influer sur la démographie. Selon Elena Bonetti, la ministre italienne de la Famille, qui a défendu bec et ongles ce texte, c’est ‘une réforme structurelle et un projet d’investissement à caractère économique’. Les mesures concernent en effet la déduction fiscale pour la garde d’enfants, l’augmentation des allocations familiales, le congé de paternité, les allocations pour les mères qui recommencent à travailler, etc.
Cette dernière décision est particulièrement nécessaire en Italie où le taux d’emplois des femmes (53%) est l’un des plus bas d’Europe. Seule la Grèce fait pire. La moyenne européenne est de 67%.
Un ‘risque global’
La loi est considérée comme la dernière chance pour éviter un hiver démographique, tout comme au Japon.
Les problèmes démographiques dans un certain nombre de l’OCDE ne sont pas nouveaux. Toutefois l’année dernière, l’organisation a qualifié le vieillissement de la population de ‘risque global’ pour la première fois.
L’exemple du Japon est certainement le plus frappant. Mais l’Allemagne, la Chine et l’Europe de l’Est sont aussi confrontées à d’énormes défis démographiques. Les 10 pays qui voient leur population se contracter le plus rapidement se trouvent tous dans l’est de l’Europe.