Liseuse électronique ou livre de papier? Que préfère notre cerveau?

Les amateurs de livres n’ont jamais eu autant de choix, non seulement en termes d’ouvrages et de contenus, mais aussi en matière de formats. Aujourd’hui, tous les livres, journaux et magazines sont disponibles pour un prix abordable sur les tablettes, liseuses électroniques, et même les smartphones.

Selon une étude de l’institut Pew, la moitié de la population des États-Unis possède un e-reader ou une tablette. Entre 2011 et 2013, la proportion de la population qui a lu un « ebook » est passée de 17% à 28%. Au Royaume-Uni, 1 livre sur 4 acheté en 2013 l’a été sous sur un format électronique.

Cependant, on peut se demander si leur lecture est équivalente sous ces différents formats? Selon la neuroscientifique Susan Greenfield, cet essor de la « culture de l’écran », comme elle l’appelle, a des implications majeures pour notre cerveau. Le Financial Times propose un bref aperçu des connaissances scientifiques en la matière:

  • Les liseuses électroniques favorisent la «lecture en profondeur» (c’est-à-dire l’immersion dans le texte), mais moins «l’apprentissage actif» (l’apprentissage à partir d’un texte en y ajoutant des notes et des références en marge). Ceci est principalement lié à la conception de ces appareils: un Kindle est optimisé pour la lecture, et pas pour les autres actions possibles avec un livre papier.
  • Selon une équipe de chercheurs de Harvard, la lecture sur « e-reader » est intéressante pour les personnes qui souffrent de dyslexie, car la présentation leur permet de se concentrer plus facilement, alors qu’elles peuvent être distraites par la présence du contenu de l’autre page avec un livre classique.
  • En moyenne, les gens lisent plus lentement sur écran que sur le papier. Cela implique une meilleure compréhension du texte, mais peut aussi dissuader le relecture de passages. Or, celle-ci est cruciale pour la «méta-compréhension », la capacité du lecteur à reconnaître s’il a bien assimilé le passage qu’il vient de lire.
  • Selon une étude taïwanaise, la lecture de manière linéaire, à la manière des livres de papier, permet une meilleure compréhension littérale pour les personnes d’âge moyen,  tandis que des textes numériques avec des hyperliens encouragent la« compréhension « inférentielle », c’est-à-dire ‘qu’ils apportent des éléments additionnels qui permettent d’enrichir la compréhension. En d’autres termes, les textes linéaires qui existent sur ​​papier favoriseraient la lecture profonde» alors que la présence de liens hypertextes est bénéfique pour un «apprentissage actif».
  • Certaines études pointent vers une moindre compréhension de la lecture sur les écrans, mais cela pourrait être imputable à la distraction que subissent les sujets de ces études en raison de leur manque de familiarité avec les gadgets utilisés.
  • Selon la chercheuse Simone Benedetto, la préférence encore d’actualité de nombreux lecteurs pour le format papier a une cause essentiellement culturelle. La majorité de la population a été entraînée depuis sa plus tendre enfance à appréhender des textes sur du papier.
  • La lumière des écrans peut être néfaste pour les yeux et nuire à la qualité du sommeil, en perturbant notre rythme circadien, mais des innovations récentes en matière d’éclairage d’écran, telles que celle intégrée par le nouveau Kindle Paperwhite, pourraient y apporter des solutions.
  • Selon une étude menée par le National Literacy Trust l’année dernière, les enfants semblent lire davantage lorsqu’ils disposent d’un e-reader, que lorsqu’on leur donne des livres de papier. Les deux raisons principales sont que la liseuse électronique est un appareil plus portable qu’un livre, et qu’on peut l’emmener plus facilement avec soi, et la lire n’importe quand (dans un arrêt de bus, dans une salle d’attente…). En outre, les livres papier sont révélateurs à propos de la personnalité de ceux qui les lisent. Une liseuse ne permet pas à l’entourage immédiat du lecteur de voir ce qu’il est en train de lire, ce qui signifie que les lecteurs peuvent lire tous les textes qui suscitent leur curiosité, sans que cela puisse leur poser un problème d’image.

Dans l’ensemble, il n’y a aucune preuve scientifique que la lecture sur un écran soit meilleure ou moins bonne que sur le papier. Malgré quelques différences subtiles, il semble que le format choisi soit beaucoup moins décisif pour notre compréhension du texte que d’autres facteurs, tels que le style de lecture, la motivation, la culture, et, bien sûr, le contenu du texte.

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