Le taux d’inflation élevé aux États-Unis provoque une onde de choc sur les marchés financiers. Les marchés boursiers et cryptographiques ont connu des hauts et des bas qui se sont rapidement succédé ces dernières semaines. Cela limite les échappatoires pour les épargnants qui voient la valeur du pouvoir d’achat de leur livret d’épargne s’éroder mois après mois. Les épargnants sont-ils pris au piège ?
Ce n’est pas seulement le taux d’inflation lui-même – 7,5 pour cent – mais l' »ampleur » de l’inflation qui est inquiétante, écrit James Knightley, économiste chez ING. Il ne s’agit plus seulement des prix de l’énergie. De plus en plus d’entreprises américaines de différents secteurs augmentent leurs prix. Cela pourrait conduire à des revendications salariales plus élevées de la part des employés, déclenchant ainsi la redoutable spirale salaires-prix.
Plusieurs économistes estiment que la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, n’a guère d’autre choix que de relever son taux d’intérêt en mars, non pas de 25 points de base, mais de 50 points. Cette perspective entraîne une grande incertitude sur les marchés boursiers. Un taux d’intérêt plus élevé rend les actions moins attrayantes. Après une séance nerveuse, Wall Street a terminé jeudi en nette baisse.
Le consensus parmi les experts boursiers est que l’époque où Wall Street battait record sur record est révolue. En particulier, certaines valeurs technologiques ont été durement touchées ces dernières semaines. L’indice Bel20 de Bruxelles a perdu 5 à 6 % depuis le début de l’année.
Recherché : investissements « à l’abri de l’inflation »
Cela signifie qu’à court terme, le marché boursier n’est plus une échappatoire évidente pour les épargnants qui cherchent une alternative à leur compte d’épargne offrant à peine 0,11 % d’intérêt. Plus de 300 milliards d’euros sont parqués sur des comptes d’épargne belges, ce qui entraîne une perte massive de pouvoir d’achat en raison de la forte inflation.
Les obligations à long terme et autres titres à revenu fixe ne sont pas non plus intéressants pour le moment, car les obligations assorties de taux d’intérêt plus élevés devraient arriver sur le marché dans quelques mois, suite aux hausses de taux d’intérêt attendues par les banques centrales.
Le marché des cryptomonnaies, lui aussi, contrairement à l’automne 2020, ne garantit plus une ascension sans souci. Le bitcoin42 328,26 | -2,80 % a déjà connu une dégringolade cette année et, à environ 43 000 dollars, il est toujours inférieur à celui du début de l’année, malgré un retour en force. Les prix des cryptomonnaies se rapprochent également de plus en plus des prix des actions.
L’or, valeur refuge classique en période d’incertitude, a gagné 1 % cette année. Avec un prix de 1 827 dollars l’once, le pic historique de plus de 2 000 dollars en août 2020 est encore loin. Mais les analystes d’ABN Amro s’attendent à ce que les hausses de taux de la Fed jouent en faveur de l’or.
Les stratèges en investissement recommandent aux personnes qui recherchent une alternative au compte d’épargne de ne pas tout mettre dans le même panier et de s’intéresser à des titres plutôt spécifiques, notamment :
- Les obligations indexées sur l’inflation : le rendement est lié à l’inflation, mais le taux d’intérêt initial est plus faible
- Des obligations d’entreprises plus risquées qui offrent un taux d’intérêt plus élevé parce qu’elles ont une faible cote de crédit.
- Les fonds immobiliers
- Actions des leaders du marché : entreprises qui résistent aux augmentations de prix de leurs fournisseurs, car elles peuvent fixer leurs propres prix de vente.
Stagflation
Contrairement à la Fed, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, s’en tient à sa position attentiste, ce qui lui a déjà valu de nombreuses critiques. Cela signifie qu’il n’y a aucune perspective d’augmentation des taux d’intérêt sur les comptes d’épargne belges, car ils suivent largement le taux de la BCE.
Pour les banques centrales, il s’agit de danser sur une corde raide. Un relèvement trop important des taux d’intérêt pourrait affecter la croissance économique. L’inflation initiale, en tout cas dans la zone euro, n’était pas non plus due à une surchauffe de la demande, mais à la hausse spectaculaire des prix de l’énergie.
Mais ne pas intervenir n’est pas une option à moyen terme – pas même pour l’attentiste Lagarde – car alors le scénario catastrophe absolu se produira : la stagflation, le cocktail toxique de la stagnation économique et de la hausse rapide des prix.