Certains médicaments pourraient-ils diminuer les chances de contracter le covid-19? C’est ce qu’une étude parisienne espère parvenir à déterminer en testant deux médicaments, l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, sur le personnel soignant.
Dans cette étude, l’hydroxychloroquine ne va pas être utilisée pour soigner le coronavirus, mais pour prévenir son apparition. Les scientifiques veulent voir si un traitement médicamenteux, associé aux mesures de protections habituelles, peut protéger les soignants du covid-19.
900 personnes vont être recrutées pour participer à l’étude. 300 recevront de l’hydroxychloroquine, un dérivé de l’antipaludéen chloroquine, pendant 40 jours. 300 prendront de l’azithromycine, un antibiotique. Et 300 auront un placebo.
Il ne faut pas s’attendre à avoir les résultats avant 70 jours, a annoncé le professeur Jean-Marc Tréluyer, qui dirige l’étude.
Comme pour le SIDA ou le paludisme
Le personnel infirmier ne peut pas se confiner et est en contact direct avec les malades. Le traitement sera donc mis à rude épreuve, mais devrait donner des résultats plus précis. ‘Si cela fonctionne, ça peut ensuite être valable pour d’autres populations’, a déclaré Pr Tréluyer.
Ce type de traitement ‘en prévention’ existe déjà pour le SIDA ou le paludisme. Les médicaments sont donnés quand la personne n’est pas malade pour permettre de combattre le virus s’il entre en contact avec le corps sain. L’efficacité n’est pas de 100%, il faut donc éviter le plus possible d’être contaminé, en conservant les gestes barrières.
Redorer l’image de la chloriquine?
Une importante controverse existe autour de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine. De nombreux discours ont vanté les mérites de ces médicaments pour soigner le covid-19. Le président Donald Trump et le professeur français Didier Raoult en étaient, entre autres, les promoteurs les plus connus.
Selon le professeur Jean-Marc Tréluyer, l’étude lancée par les hôpitaux de Paris n’a rien à voir avec celles qui cherchaient un traitement pour soigner les malades.
Tout d’abord, les études du professeur Raoult ne comportaient aucun groupe de contrôle. Ce groupe prend des placebos et les scientifiques comparent leur évolution à celle des personnes qui ont bien pris le traitement.
De plus, le professeur Tréluyer formule l’hypothèse que c’est l’association des deux médicaments qui posent des problèmes cardiaques. ‘Ça ne nous semblait donc pas opportun d’associer les deux dans le cadre d’une étude de prévention’ a-t-il expliqué.
Cependant, selon de nombreux spécialistes, l’hydroxychloroquine provoque à elle seule ces complications. L’activité cardiaque des participants au test sera toutefois régulièrement contrôlée.
Cet après-midi, l’agence belge des médicaments a aussi mis en garde contre un autre effet secondaire de la chloroquine: l’hémolyse, c’est-à-dire une destruction des globules rouges. Le personnel soignant qui participera à l’étude devra donc être particulièrement attentif à sa santé car les risques d’être malade à cause du traitement ne sont pas négligeables.