Cette affirmation ne vient pas d’un énième site d’information de propagande russe, mais du très sérieux magazine britannique The Economist. Tout ne va pas bien dans l’économie russe, mais elle fait beaucoup mieux que les prévisions initiales cataclysmiques du FMI ou de l’OCDE, et sort la tête de l’eau. De l’autre côté, la récession se profile du côté européen.
Si sur le front, l’armée russe perd du terrain, sur le plan économique, elle voit peut-être la lumière au bout du tunnel. Le FMI a revu à la hausse ses prévisions initiales. En avril, il pensait que le PIB russe allait s’effondrer de 8,5%. Dans sa dernière prévision du 11 octobre, le FMI ne parle plus que d’une baisse de 3,4%. Ce n’est pas encore l’eldorado, mais ces chiffres vont dans le bon sens pour Moscou et confirment les prévisions des institutions économiques russes. Pour 2023, le FMI table désormais sur une chute du PIB de 2,3%.
La Russie parvient à s’adapter aux sanctions. En envoyant ses combustibles fossiles sur d’autres marchés, cela a déjà été beaucoup écrit, notamment vers la Chine et surtout l’Inde. La Banque centrale russe, et sa politique monétaire, qui a notamment soutenu la valeur du rouble, ont fait le reste. « La demande intérieure de la Russie fait preuve d’une certaine stabilité grâce à l’endiguement des effets des sanctions extérieures et à la résilience du marché du travail », note l’institution.
La Russie s’adapte
Dans les faits, beaucoup d’entreprises russes se sont substituées aux entreprises étrangères qui ont quitté le pays. Et la période d’adaptation a été moins longue qu’attendu. La Banque mondiale le confirme aussi dans son dernier rapport.
Sur le fond et sur la forme, les nouvelles prévisions du FMI et de la Banque mondiale dénotent encore plus avec les récents rapports de l’OCDE sur l’économie russe. L’institution qui regroupe l’ensemble des pays développés, table encore sur une chute du PIB de 5,5% cette année et 4,5% en 2023. Pour cette organisation, s’il y a récession mondiale, ce sera « à cause » de la Russie « et de son invasion non provoquée de l’Ukraine ».
La Banque Goldman Sachs, qu’on ne pourra accuser d’être pro-russe, a mis à jour son « indicateur d’activité en cours ». Il en ressort un creux au moment de l’annonce de la mobilisation de nouvelles troupes par Poutine, mais un rebond a suivi. La production dans l’industrie automobile par exemple, qui était pratiquement nulle il y a quelques mois, a rebondi.

Du côté de l’Europe, plombée par l’inflation, les chiffres sont moins pesants, mais vont dans le sens opposé. Le FMI prévoit ainsi une récession de 0,3% dans la plus grande économie du continent l’année prochaine, à savoir l’Allemagne. Et une croissance minuscule de 0,5% est prévue pour la zone euro dans son ensemble, contre 3,1% en 2022. La BCE est plus optimiste et voit une croissance de 0,9% l’année prochaine dans la zone euro.
Christine Lagarde en est convaincue : « L’Europe n’est pas en récession .»