« L’Europe confirme le point de vue de Poutine : il ne faut pas compter avec les Européens parce qu’ils sont divisés et lâches »

« La Russie tente de démanteler la structure de sécurité en Europe, étape par étape, par la pression qu’elle exerce actuellement. Lorsque quelqu’un déploie plus de 100.000 soldats à la frontière d’un autre pays, et au milieu de l’Europe, c’est un véritable tonneau de poudre. Il faut s’attendre à ce que ça explose. Poutine teste l’Europe. Et avec ça, aussi toujours l’Allemagne. » C’est ce que déclare l’ancien ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel dans une interview accordée au podcast Global Briefing sur The Pioneer.

Selon M. Gabriel, Poutine n’est pas seulement à craindre dans le dossier de l’Ukraine, mais également en termes de la réorganisation de l’Europe. « Nous assistons au retour d’une politique de sphères d’influence. La Russie tente de démanteler la structure de sécurité en Europe étape par étape. Il le fait en augmentant la pression maintenant. Poutine se rend très bien compte que l’Europe n’a actuellement aucun centre de gravité. À l’époque du duo Merkel-Hollande, lors de la première crise ukrainienne, c’était le cas. « 

L’ancien vice-chancelier défend l’expansion de l’OTAN vers l’est. « Si par sécurité on entend l’intégrité territoriale, l’inviolabilité des frontières et le renoncement à la violence, alors pour la Russie il n’y a pas eu de danger de la part de l’Occident, de l’Europe ou de l’OTAN. »

Où sont les Européens quand il s’agit de l’Europe ?

Les négociations ont débuté lundi à Genève. Sigmar Gabriel s’étonne que les négociations entre les Russes et les Américains n’impliquent pas les Européens.

« Je trouve étrange qu’un problème européen soit négocié par le président américain et que les Européens ne soient pas à la table des négociations. Mais ce qui est encore plus étrange, c’est que tout le monde en Europe est heureux que les Américains ‘tirent les marrons du feu pour nous’. Pourtant, pas un seul Européen n’ose prendre une position européenne. Et s’il y a bientôt un autre président américain et qu’il dit : ‘L’Ukraine, ce n’est pas notre problème’? »

Gabriel a résumé sa façon de procéder : « Russie, nous aimerions vous parler de désescalade. Mais en premier lieu, vous devez retirer vos troupes. Et en second lieu, si vous ne le faites pas et que vous intervenez militairement, nous, Européens, en tirerons les conséquences. Nous couperons toute relation énergétique avec vous. Nous paierons un prix élevé parce que nous devrons nous procurer notre gaz naturel et notre pétrole ailleurs. Mais nous ne resterons pas les bras croisés pendant que vous faites la guerre en Europe. »

Gabriel conseille à l’Europe de répondre sans équivoque et de manière dure en cas d’invasion russe. « L’Europe n’a pas d’autre choix que de réduire radicalement, voire d’éliminer, ses relations énergétiques avec la Russie. On prétend toujours que ce n’est pas possible. Bien sûr que c’est possible, mais cela coûtera beaucoup d’argent. »

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