Plusieurs grandes puissances telles que la Russie et la Chine ont mis l’accent sur le développement de missiles hypersoniques ces dernières années, en tout cas si l’on en croit leurs annonces régulières de nouveaux tests. Ces projectiles de portée continentale, capables d’atteindre des vitesses supérieures à Mach 5, soit 6.174 km/h, laisseraient un délai particulièrement bref entre le lancement et l’impact, empêchant ainsi le pays ciblé de réagir assez vite et de tenter d’intercepter les missiles.
Or les tensions géopolitiques croissantes font prendre cette menace très au sérieux, en particulier aux États-Unis, et si l’US Army met les bouchées doubles pour rattraper son retard estimé sur ce genre de programme d’armement – Russes et Chinois montrent beaucoup leurs missiles, mais on n’en connait pas la capacité réelle – elle compte aussi en prémunir son territoire.
Plusieurs couches de satellites d’alarme
Et cela passe d’abord par un réseau de surveillance renforcée des missiles ennemis, et ce depuis l’espace. Maxar Technologies, une entreprise du Colorado, a confirmé cette semaine sa participation à la construction d’un système de détection précoce destiné à l’armée américaine. La société fournira 14 nouveaux satellites d’observation, qui seront déployés dans le cadre de la Space Development Agency (SDA). Ceux-ci devraient être assemblés dès 2024, et un second lot est prévu pour 2025. Ils s’ajouteront aux satellites qui seront déjà placés sur orbite dès cette année dans le même but stratégique.
Les responsables de Maxar ont déclaré que les satellites en orbite terrestre basse contribueront aux objectifs de la constellation SDA, qui sont de « fournir des indications, des avertissements et un suivi limités au niveau mondial des menaces de missiles conventionnels et avancés, y compris les systèmes de missiles hypersoniques », relève Space.com.
Observer la menace pour mieux la contrecarrer
La SDA s’inquiète de plus en plus des manœuvres chinoises et russes, qui mettent régulièrement en avant ces missiles intercontinentaux et les présentent comme des armes ultimes et inarrêtables, et elle a enjoint la DARPA, le service de développement scientifique de l’armée américaine, de mettre au plus vite au point un système d’interception fiable.
C’est dans le cadre de ce nouvel objectif stratégique que le Congrès des États-Unis a débloqué 550 millions de dollars supplémentaires au cours de l’exercice 2022, pour accélérer le développement de la tranche 1 de ce programme de surveillance, la deuxième série de satellites d’observation mis au point par Maxar.
La tranche 0, soit un premier lot de 28 satellites mis au point par L3Harris Technologies et Northrop Grumman, devrait décoller dès le mois de septembre à bord d’un vaisseau de SpaceX, ce qui démontre au passage que l’entreprise d’Elon Musk collabore de plus en plus avec le département américain de la Défense. Comme la constellation initiale, la tranche 1 devrait comprendre également un total de 28 satellites de détection infrarouge dont le coût est désormais estimé à 2,5 milliards de dollars, selon un rapport de SpaceNews. Une preuve de plus que l’orbite devient un objectif militaire crédible en cas d’embrasement entre grandes puissances.