Les responsables américains affirment que l’entreprise chinoise peut accéder secrètement aux réseaux de téléphonie mobile du monde entier par des ‘portes dérobées’ conçues pour être utilisées par les forces de l’ordre.
Alors que le Royaume-Uni a décidé d’offrir un rôle (limité) à Huawei pour le déploiement de la 5G sur son territoire, les Américains contre-attaquent. Sans doute espèrent-ils pousser Boris Johnson à se mordre les doigts. Car le timing est assez bien choisi, alors que Washington tente de persuader ses alliés d’exclure la société chinoise de leurs réseaux.
Cette information relayée par le Wall Street Journal pourra-t-elle effectivement dissuader les pays européens de faire confiance à Huawei? On pourrait soupçonner les services américains de manquer d’objectivité, tant la guerre fait rage entre Donald Trump et le fabricant chinois. Les renseignements montrent pourtant que Huawei possède cette ‘capacité secrète’ depuis plus de dix ans. Mais pourquoi la révéler maintenant?
Stratégie américaine
Les États-Unis ont gardé le renseignement hautement confidentiel jusqu’à la fin de l’année dernière, lorsque des fonctionnaires américains ont fourni des détails aux alliés, dont le Royaume-Uni et l’Allemagne. Il s’agit bien d’un ‘revirement tactique’ de la part des Américains. Ils avaient déclaré par le passé ne pas avoir besoin de preuves tangibles de la menace de Huawei, mais elles sont désormais là. De son côté, Huawei réfute toute allégation, comme à l’accoutumée.
Normalement, seuls les agents des forces de l’ordre ou les agents autorisés par les opérateurs télécoms sont autorisés à accéder à ces ‘interfaces d’interception légale’, un accès qui est régi par des lois dans chaque pays. Mais les renseignements américains affirment que Huawei a toujours secrètement accès à ces interfaces, grâce à des équipements que la firme a elle-même construits.
‘Nous avons la preuve que Huawei a la capacité d’accéder secrètement à des informations sensibles et personnelles dans les systèmes qu’elle maintient et vend dans le monde entier’, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien. ‘Huawei ne divulgue pas cet accès secret à ses clients locaux, ni aux agences de sécurité nationale du pays hôte’, a ajouté un autre haut responsable américain. On ignore encore les détails du fonctionnement de cette ‘porte dérobée’ et si les renseignements ont pu observer Huawei en train d’utiliser cet accès.
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L’Allemagne vote contre l’exclusion de Huawei
Les États-Unis devront pourtant encore un peu creuser s’ils veulent refroidir leurs alliés face à Huawei. Les responsables britanniques ont ainsi déclaré mardi que les informations sur Huawei présentées par les Américains le mois dernier n’étaient pas nouvelles… Et avaient déjà été prises en compte dans leur analyse de la menace possible des équipements télécoms chinois. On peut donc appeler ça un semi-échec pour les États-Unis.
Il faudra également redoubler d’efforts avec l’Allemagne, alors que l’union conservatrice des démocrates-chrétiens (CDU) et de l’Union sociale chrétienne (CSU) a voté mardi contre l’exclusion de Huawei du réseau 5G. Selon Euractiv, les deux partis conservateurs demandent dans cette prise de position un catalogue de critères de sécurité que les fournisseurs 5G doivent ‘remplir de manière vérifiable’. Entre autres, il faut s’assurer que ‘toute influence d’un État étranger sur notre infrastructure 5G est exclue’. Si la Chine n’est pas nommée explicitement, elle a les oreilles qui sifflent très fort.
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