« Les proches de Poutine l’informent mal sur la situation en Ukraine car ils ont peur de lui »

Vladimir Poutine est-il mal informé par ses conseillers sur le véritable impact de la guerre en Ukraine ? Les services de renseignement américains et britanniques le pensent. Les informations des renseignements que le New York Times a pu consulter suggèrent que les conseillers de Poutine ont trop peur de lui dire toute la vérité.

« Le talon d’Achille des régimes autoritaires est que la population de ces systèmes n’ose ou ne peut pas dire la vérité à ceux qui sont au pouvoir. Je pense que c’est ce qui se passe actuellement en Russie », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’une visite à Alger, la capitale algérienne.

Selon les renseignements américains, l’atmosphère au Kremlin est en dessous du point de congélation. En raison de sa politique autoritaire, les conseillers de Poutine le nourriraient de fausses informations, craignant les conséquences des mauvaises nouvelles concernant l’invasion ratée de l’Ukraine et l’impact dévastateur des sanctions internationales sur l’économie russe.

Règne de la terreur

« Nous sommes d’accord avec la conclusion selon laquelle Poutine n’est pas pleinement informé par son ministère de la Défense », a indiqué le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Selon lui, c’est Poutine qui a créé lui-même cette situation. Des années de régime autoritaire ont donné naissance à une culture de la peur au sein du Kremlin. En conséquence, ses conseillers ont été réduits à des béni-oui-oui qui n’osent pas contredire leur chef autoritaire. « Le fait qu’il ne dispose pas du contexte complet, qu’il ne comprenne pas à quel point ses forces échouent en Ukraine, c’est franchement assez inconfortable. »

Les services de renseignement britanniques signalent également que la situation dans l’armée russe est loin d’être rose. « Nous voyons des soldats russes – qui sont à court d’armes et de moral – refuser d’exécuter des ordres, saboter leurs propres véhicules et même tirer accidentellement sur leurs propres avions du ciel », a confié Jeremy Fleming, directeur des renseignements britanniques au Government Communications Headquarters (GCHQ). « Alors que les conseillers de Poutine ont trop peur de lui dire la vérité, ce qui se passe réellement et les raisons de ces erreurs de calcul devraient être parfaitement claires pour le régime. »

Ministre disparu

Cette désinformation aurait provoqué un désaccord entre Poutine et le ministère de la Défense. Les spéculations sur la situation de Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, vont bon train depuis un certain temps. Toutefois, le ministre entretient une solide relation de confiance avec Poutine, comme en témoignent les nombreuses sorties de pêche qu’ils effectuent tous les deux et les vacances qu’ils passent régulièrement ensemble.

Pourtant, Choïgou a disparu de la scène publique pendant quelques semaines. Selon le Kremlin, cela était dû à des raisons de santé, l’homme souffrant apparemment de problèmes cardiaques. Le 26 mars, le ministre est brièvement réapparu: on l’a vu parmi les participants d’une téléconférence. Mais les rumeurs continuent de circuler. Il serait sous le feu des critiques en raison de l’invasion décevante de l’Ukraine.

Poutine n’est pas dupe

Poutine serait en train de se rendre compte que ses conseillers ne brossent pas un tableau complet de la situation. Par exemple, deux hauts responsables des services secrets russes (FSB) ont récemment été placés en résidence surveillée et interrogés.

Malgré cela, les services de renseignement américains pensent que Poutine continue d’être alimenté en fausses informations et que ses conseillers sont terrifiés à l’idée de rapporter de mauvaises nouvelles. Chez eux, la crainte d’être tenu personnellement responsable des échecs de l’armée russe est omniprésente.

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