En 15 ans, les émissions de CO2 des jets privés en Europe ont augmenté de 31%. C’est ce qui ressort d’une étude de l’organisation Transport & Environment (T&E), basées sur des statistiques de 2019. Les chercheurs soulignent que ces chiffres augmentent plus rapidement que les émissions de l’aviation commerciale.
L’empreinte écologique d’un voyage en jet privé est 10 fois supérieure à celle d’un voyage en avion commercial. Un vol en jet privé est également 50 fois plus polluant qu’un trajet en train.
Une partie de la solution
Selon les résultats de cette étude, un vol en jet privé de 4 heures émet autant de dioxyde de carbone qu’un humain moyen sur toute une année. Cependant, les chercheurs pensent que les propriétaires de jet privé – qui disposent d’un capital moyen de 1,3 milliard d’euros – peuvent faire partie de la solution.
Comment ? Ils pourraient payer pour le développement de technologies et d’innovations durables permettant de rendre plus rapidement l’aviation plus respectueuse de l’environnement.
‘Malgré la pandémie de coronavirus, l’utilisation du jet privé reste très populaire’, notent les chercheurs. ‘En août 2020, alors que l’aviation commerciale européenne était pratiquement à l’arrêt, les vols en jets privés avaient à nouveau atteint les niveaux enregistrés avant le début de la pandémie.’
‘Voyager à bord d’un jet privé est probablement l’action la plus dommageable pour l’environnement’, a déclaré Andrew Murphy, directeur de l’aviation chez Transport & Energy. ‘Pourtant, les pollueurs super riches volent comme si la crise climatique n’existait pas.’
‘L’avantage, toutefois, est que le marché des jets privés est le terreau parfait pour créer le moment Tesla dans l’aviation et permettre au secteur de passer à une propulsion électrique ou à l’hydrogène.’
‘7 des 10 routes les plus polluantes pour les avions privés se trouvent sur l’axe entre le Royaume-Uni, la France, la Suisse et l’Italie’, explique Murphy. ‘Les jets privés au départ du Royaume-Uni et de la France sont la plus grande source de pollution, représentant 36% des émissions totales des vols privés en Europe.’ Les jets privés représentent un vol sur dix décollant en France. La moitié d’entre eux parcourent moins de 500 kilomètres.
Impôts
‘Malgré leur impact disproportionné sur l’environnement, la plupart des jets privés en Europe profitent d’importantes réductions d’impôts’, expliquent les chercheurs. ‘Ils peuvent compter sur une exemption de l‘échange de droits d’émission européens. Ils peuvent également utiliser du kérosène non taxé.’
‘Avec l’application d’une taxe normale, le secteur en Europe pourrait générer 325 millions d’euros de recettes fiscales annuelles. Ces revenus pourraient être investis pour réduire l’impact climatique de l’aviation.’
Les chercheurs ont également proposé une série de mesure pour la durabilité du secteur. ‘D’ici la fin de cette décennie, seuls les jets privés propulsés à l’hydrogène ou à l’électricité devraient être tolérés sur les trajets de moins de 1.000 km’, fait valoir Murphy.
En outre, il faut s’assurer que le pollueur paie pour ses émissions de CO2. Le secteur devrait donc être soumis à une taxe proportionnelle à sa pollution. Enfin, les moyens de transport alternatifs, moins polluants, devraient également être encouragés.
‘À mesure que de nouvelles technologies sont introduites, l’utilisation des avions devrait être interdite sur les trajets d’une durée maximale de deux heures et demie.’
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