L’Union des classes moyennes urge les autorités à revoir leur communication, « qui manque de clarté et de cohérence », après l’aveu du ministre Vandenbroucke sur le risque mineur que représentaient les commerces dans la propagation du virus, pourtant fermés pendant un mois. UCM demande donc la reprise des métiers de contact (coiffure, esthétique…) et des agences de paris le 15 décembre. « Ils ne peuvent pas rester à l’arrêt pour provoquer ‘un choc psychologique’ mais seulement si le risque sanitaire est sérieux, ce qui n’est certainement pas démontré aujourd’hui », estime la fédération. Le cabinet du ministre de la Santé réagit
Le ministre Vandenbroucke avait indiqué récemment que le fait de faire des emplettes dans les magasins ne présente a priori « pas de grand risque » d’augmenter la propagation du coronavirus, si cela se fait de manière contrôlée. La fermeture des commerces non-essentiels a tout de même été décrétée fin octobre, car il fallait provoquer un « choc » dans la population, démontrer qu’il fallait agir avec force. Des propos qui ne cessent de créer des remous, du côté politique mais aussi chez les commerçants, qui sont aujourd’hui en colère, indique l’UCM.
« Cette déclaration – maladroite ou scandaleuse – a mis le feu aux poudres auprès des commerçants. Empêcher des citoyens de travailler, les priver de leurs revenus, est une décision grave qui ne peut se justifier qu’en cas de nécessité. Il n’y a pas d’activité ‘non-essentielle’ pour ceux qui l’exercent et leurs clients. Ce n’est pas la bonne manière de faire adhérer la population aux mesures de prudence sanitaire », estime la fédération.
Manque de clarté
Elle déplore encore que le dernier comité de concertation était « une nouvelle fois tardif et filandreux » et ne présentait pas de décisions claires dans tous les cas. « Jouer au détective pour savoir si l’on peut rouvrir, et dans quelles conditions, donne le sentiment d’être tenu pour quantité négligeable et provoque le rejet », relève-t-elle. Les professionnels des métiers de contact et des agences de paris ne peuvent pas à nouveau faire les frais d’une décision qui n’est pas basée sur des faits scientifiques.
L’UCM demande aussi des perspectives claires pour l’horeca, les cinémas et les théâtres, ainsi que pour tous les autres lieux où des précautions sanitaires sont possibles. « Une gestion sérieuse de l’épidémie doit permettre de connaître les lieux et comportements à risques et d’agir de façon ciblée. Les entrepreneurs ne peuvent pas aborder 2021 sans savoir quand et comment ils pourront rouvrir et sur quelles aides ils pourront compter », conclut-elle.
Même son de cloche du côté du Syndicat neutre pour indépendants (SNI) qui qualifie les propos du ministre de « choquants, irrespectueux et irresponsables ».
« Le ministre est un homme intelligent. Nous n’imaginons pas que c’est effectivement ce qu’il a voulu dire. Nous n’exigeons pas des excuses mais il doit avoir le courage de réexpliquer. Dans le cas contraire, ce serait faire fi de 35.000 indépendants, de leur famille et de celle de leurs employés », a réagi le SNI, estimant que Frank Vandenbroucke doit également faire cette mise au point pour tous les secteurs qui sont encore fermés, comme les professions de contact.
Un rapport du Celeval
Le cabinet du ministre de la Santé a voulu éteindre la polémique. Il communique un rapport du groupe d’experts du Celeval, qui faisait consensus auprès d’une majorité d’entre eux. Selon ce rapport, la fermeture des commerces non essentiels répondait à une exigence sanitaire.
« La situation est très grave, et les mesures d’urgence les plus strictes sont maintenant nécessaires. C’est pourquoi le Celeval insiste sur les mesures suivantes », explique le rapport datant de fin octobre. « Tous les contacts sociaux devraient être fortement réduits pendant la période du 1er au 14 novembre. »
Comment ? Le rapport évoque « la fermeture des commerces non essentiels » mais aussi la limitation de mouvement à « 5 ou 10 km » comme en France. 14 des 16 experts étaient d’accord avec la fermeture des commerces non essentiels, précise le rapport.
« Le 30 octobre, nous étions dans une réelle situation d’urgence, comme expliqué dans les avis que nous avions alors reçus du Risk Assesment Group et du CELEVAL. Il était nécessaire de prendre des mesures qui allaient réduire rapidement et au maximum le nombre de contacts et de déplacements, et qui rendraient les risques de contaminations les plus faibles possible. C’est pourquoi nous avons décidé de fermer les commerces non essentiels », a justifié le cabinet du ministre.
En outre, le cabinet estime qu’il s’agit d’une décision du comité de concertation dans lequel les entités fédérées et le fédéral sont représentés, ainsi que la plupart des partis. Mais certains dénoncent, notamment du côté du MR, la mainmise du ministre de la Santé et des experts sur la gestion de la crise.
Reste à savoir pourquoi le ministre a communiqué de la sorte, estimant qu’il s’agissait plus d’une mesure-choc symbolique pour stimuler la population, et non d’une décision purement sanitaire. Une erreur de communication ? Certains attendent toujours la preuve que les commerces sont oui ou non des foyers d’infections.