Les images d’enfants enfermés dans des cages révoltent l’Amérique

Au cours des 6 semaines qui ont précédé la fin du mois de mai, les autorités américaines ont séparé près de 2000 enfants de migrants de leurs parents, parce que ceux-ci ont franchi illégalement la frontière américaine. Ces séparations ont été ordonnées au nom de la “tolérance zéro” que pratiquent désormais les Etats-Unis à l’égard des migrants sans papiers. 

Mais les images de ces enfants, enfermés dans des cages dans des centres de rétention, choquent les Américains, y compris dans le camp des Républicains, où l’on redoute les effets de ces images sur l’électorat.

Près de 2000 mineurs séparés de leurs parents

Les chiffres du département  de la sécurité intérieure américain indiquent que 1 995 mineurs ont été séparés de 1 940 adultes entre le 19 avril et le 31 mai. Ces enfants voyageaient avec des migrants interceptés à la frontière, alors qu’ils venaient d’entrer illégalement aux Etats-Unis.

Le 7 mai dernier, le ministre de la Justice américain Jeff Sessions a décrété “la tolérance zéro”, impliquant que la loi serait désormais appliquée pour tous les migrants traversant clandestinement la frontière du pays. Une loi, votée pendant le mandat Obama, prévoit en effet d’arrêter les migrants illégaux dans l’attente de leur procès. Mais jusqu’alors, les familles accompagnées d’enfants mineurs échappaient à ce sort. Les parents se voyaient remettre une citation à comparaître, mais étaient relâchés.

Désormais, tous les migrants illégaux sont arrêtés, et lorsqu’ils sont accompagnés d’enfants, ceux-ci sont séparés, pour être placés dans des centres de rétention.

Près de 11 000 enfants seraient ainsi hébergés dans ces centres de rétention aux Etats-unis, dont une centaine aurait moins de 4 ans, affirme le New York Times. Les médias américains ont amplement diffusé des images de ces enfants enfermés dans des cages dans les centres de rétention, qui ont révolté la population américaine.  

«Les reportages ont montré des des enfants arrachés des bras de leurs parents, et des parents incapables de retrouver l’endroit où leurs enfants ont été placés», a rapporté l’agence de presse américaine AP.

Deux First Ladies bouleversées

Remarquablement, deux figures médiatiques théoriquement associées au camp républicain se sont jointes à ce débat. Il n’est sans doute pas anodin non que toutes deux partagent le même statut : elles ont été, ou sont actuellement la First Lady aux Etats-Unis.

Dans une tribune du Washington Post, Laura Bush, épouse de l’ex-président américain George W. Bush, a déclaré : “La politique de tolérance zéro est cruelle, elle est immorale et elle me brise le cœur”.

L’actuelle Première dame des Etats-Unis, Melania Trump, qui s’exprime pourtant rarement sur le plan politique, a déclaré à CNN, par l’intermédiaire de sa porte-parole qu’elle “détestait voir des enfants séparés de leurs familles” et qu’elle espérait que les deux partis politiques pourraient trouver  un consensus pour réussir la réforme de l’immigration. “Nous devons être un pays qui respecte toutes les lois, mais aussi un pays qui gouverne avec cœur”, a-t-elle ajouté.

Le ministre de la Justice sort sa Bible

Les législateurs républicains, conscients des dégâts que ces images causent à leur parti, font pression sur le président Trump pour qu’il mette fin à cette “tolérance zéro”. Le  ministre de la Justice, Jeff Sessions, a invoqué la Bible la semaine dernière pour soutenir sa politique d’immigration. “Je citerai l’apôtre Paul et de son commandement clair et sage (…) qu’il est nécessaire d’obéir aux lois du gouvernement, car c’est Dieu qui les a ordonnées pour assurer l’ordre », a-t-il déclaré.

Le président Trump défend sa politique en expliquant qu’elle est une conséquence des lois votées par les démocrates, que son gouvernement ne fait qu’appliquer.

Selon certaines sources au parti républicain, le président chercherait  à capitaliser sur cette loi et ces images pour obtenir du parti démocrate qu’il accepte de financer “son” mur à la frontière des Etats-Unis, ou d’autres concessions.

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