Les États-Unis se décident enfin à adopter une stratégie nationale de recyclage, mais ce n’est pas pour autant gagné…

L’agence américaine de protection de l’environnement a annoncé son projet d’adopter une nouvelle stratégie de recyclage à l’échelle nationale. Il s’agit du premier engagement de cette importance de l’agence. Une décision encourageante, mais qui est loin de faire l’unanimité.

Les États-Unis se sont enfin décidés à prendre le problème des déchets municipaux à bras le corps en adoptant une stratégie nationale de recyclage. Une décision qui vise à soutenir l’objectif des États-Unis de recycler au moins 50% des déchets municipaux d’ici la fin de la décennie. Un engagement de taille puisque le taux de recyclage aux États-Unis ne cesse de chuter depuis 2015. En 2020, moins d’un quart de l’ensemble des déchets générés dans le pays était destiné au recyclage.

Un engagement prometteur…

« Le système de recyclage de notre pays a besoin d’améliorations critiques pour mieux servir le peuple américain. Avec les investissements historiques dans le recyclage de l’accord bipartite sur les infrastructures, la stratégie aidera à transformer le recyclage et la gestion des déchets solides à travers le pays tout en créant des emplois et en renforçant notre économie », a déclaré l’administrateur de l’Environmental Protection Agency (EPA), Michael Regan, dans un communiqué.

Le projet de loi sur les infrastructures que le président Biden a signé le lundi 15 novembre implique en effet un montant de 350 millions de dollars pour financer le traitement des déchets solides et subventionner le recyclage.

En investissant dans le recyclage, les États-Unis vont (potentiellement) réduire leurs déchets, mais également leur pollution et leur impact sur l’environnement. Il est en effet question d’adopter une économie circulaire, à savoir une gestion durable des produits, de leur production à leur élimination ou à leur réutilisation. Les déchets seront triés pour en extraire les matériaux qui peuvent être réutilisés pour fabriquer de nouveaux produits.

L’Environmental Protection Agency entend également réduire les impacts climatiques de la production, de la consommation et de l’élimination des déchets – un système très polluant. Une bonne chose à l’heure où tous les efforts pour limiter les émissions de gaz à effet de serre sont urgents.

On notera cependant que l’EPA prévoit d’utiliser une technique controversée pour traiter les déchets, à savoir le recyclage chimique – ou avancé – qui utilise de la chaleur ou des produits chimiques pour transformer les plastiques en carburant ou en résine plastique. Une technique critiquée, car elle génère à la fois du dioxyde de carbone et des déchets puisque la résine plastique peut ne pas être suffisamment qualitative pour être réellement réutilisée ce qui entraine… de nouveaux déchets.

…mais qui sera difficile à respecter

Atteindre l’objectif de recycler 50% des déchets solides municipaux d’ici 2030 ne sera pas une mince affaire, comme le souligne le Washington Post. Pour certains, l’engagement de l’EPA est insuffisant et manque de mesures clés. C’est notamment l’avis de Judith Enck, ancienne haute fonctionnaire de l’EPA sous l’administration Obama. « Il doit y avoir un engagement plus ferme en faveur de la réduction des déchets. Le problème est qu’il y a tout simplement trop d’emballages en plastique imposés aux consommateurs américains. »

Avant de pouvoir parler recyclage, il faut régler le problème de l’abondance de plastiques à usage unique aux États-Unis, estime également la présidente du Centre pour le droit international de l’environnement, Carroll Muffett. « Le recyclage n’est pas vraiment la solution à la crise du plastique. Jusqu’à ce que nous ayons des politiques nationales qui s’attaquent réellement à l’expansion des plastiques jetables à usage unique qui sont à l’origine de cette crise, je pense que cela continuera probablement à masquer la véritable source du problème. »

Par ailleurs, développer un nouveau système de recyclage – ou simplement perfectionner celui en place – sera un véritable défi pour le pays qui devra également pousser sa population à changer ses habitudes.

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