Les États-Unis n’utiliseront pas AstraZeneca: toutes les doses vont être envoyées à l’étranger, et ça risque de faire des jaloux

Depuis plusieurs semaines, bon nombre de scientifiques américains expliquent que leur pays n’a pas besoin d’AstraZeneca pour sa campagne de vaccination. La décision était entre les mains de Joe Biden. Le président américain a fait son choix: le vaccin suédo-britannique ne sera pas injecté sur son territoire. Du moins, pas avant longtemps.

Les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient partager l’intégralité de leur stock de vaccins AstraZeneca avec d’autres pays. Il y a trois semaines, Bloomberg avançait que 20 millions de doses (sur un total de 80 à 90 millions) avaient déjà été conçues sur le sol américain, dans l’attente d’une autorisation du régulateur national, la FDA. D’après les autorités américaines, ce sont 60 millions de doses préparées aux États-Unis qui vont être envoyées à l’étranger.

Environ 10 millions de doses devraient être prêtes d’ici quelques semaines, à condition que le contrôle de leur qualité par la FDA soit un succès. Les 50 millions de doses suivantes devraient pouvoir être expédiées d’ici mai à juin, a indiqué un responsable américain.

Les USA croulent sous les vaccins

Pour justifier sa décision, l’administration Biden a utilisé la même explication que celle avancée par d’autres scientifiques plus tôt. Les États-Unis ont largement assez de doses d’autres vaccins pour poursuivre leur campagne de vaccination à la bonne allure. Ce n’est donc pas la mauvaise réputation qu’a acquise AstraZeneca en Europe qui pousse le pays à s’en séparer.

‘Compte tenu du solide portefeuille de vaccins que les États-Unis ont déjà autorisé et qui est déjà disponible en grandes quantités – y compris deux vaccins à deux doses et un vaccin à une dose – et étant donné qu’AstraZeneca n’est pas autorisé à être utilisé aux États-Unis, nous n’avons pas besoin d’utiliser AstraZeneca dans notre lutte contre le COVID au cours des prochains mois’, a commenté Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche.

AstraZeneca s’est contenté de commenter la décision en indiquant qu’envoyer à l’étranger des doses qui appartiennent aux États-Unis dépend uniquement des responsables américains.

L’Inde, destination n°1 ?

À l’heure actuelle, aucune décision n’a été prise quant aux pays vers lesquels les États-Unis enverront leurs 60 millions de vaccins AstraZeneca. Tout porte à croire que l’Inde, qui subit pour l’instant la vague la plus virulente de coronavirus au monde depuis le début de la pandémie, sera l’une des principales destinataires.

L’administration Biden n’a pas encore confirmé l’information. En revanche, elle a déjà indiqué avoir pris contact avec le Premier ministre indien, Narendra Modi, afin de l’aider à lutter contre l’épidémie locale. Les États-Unis vont envoyer de nombreuses fournitures (respirateurs, produits thérapeutiques – dont du remdesivir- , kits de test rapide, équipements de protection individuelle) à l’Inde, ainsi qu’une aide financière et des matières premières pour que le pays puisse accélérer sa production de vaccins. Un envoi de systèmes de production d’oxygène est également en discussion, certaines régions de l’Inde faisant face à une pénurie d’oxygène.

Le programme d’assistance offert à l’Inde reflète la conviction de M. Biden que la pandémie ne prendra fin que si les États-Unis offrent leur aide à d’autres pays, a analysé un haut responsable de l’administration.

D’après Bloomberg, si les États-Unis envoient également des vaccins en Inde, ils pourraient voir leurs voisins faire monter la pression. En effet, le Canada et le Mexique, dont les campagnes vaccinales pataugent, demandent aux USA de lui envoyer des vaccins depuis de très nombreuses semaines. Hormis 4,2 millions de vaccins AstraZeneca envoyés précédemment – les seuls vaccins contre le Covid-19 dont les USA ont accepté de se séparer jusqu’à présent – les deux pays se sont heurtés à une succession de refus.

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