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Les entreprises canadiennes envisagent de rapatrier leur production au Canada en raison des tensions commerciales avec les États-Unis


Principaux renseignements

  • Les entreprises canadiennes sont confrontées au choix de naviguer dans l’incertitude ou de rapatrier leurs activités en raison des droits de douane imposés par les États-Unis au Canada.
  • Les consommateurs et les entreprises du Canada ont réagi aux tensions commerciales en encourageant le patriotisme et en boycottant les produits américains.
  • La délocalisation est une tendance mondiale motivée par des événements géopolitiques récents, tels que le conflit en Ukraine et les attaques des Houthis au Yémen.

La mention « Fabriqué au Canada » a pris de l’importance sur les étagères des magasins à la suite des tensions commerciales provoquées par les droits de douane imposés par les États-Unis à leur voisin du nord. Les consommateurs et les entreprises du Canada ont réagi par un élan de patriotisme, conduisant certains à boycotter les produits américains. Les entreprises opérant dans les deux pays sont désormais confrontées à une décision cruciale : faire face à l’incertitude ou rapatrier leurs activités.

Risques de dépendre d’un seul marché

Joanna Goodman, propriétaire de l’entreprise torontoise de literie et de vêtements de nuit Au Lit Fine Linens, exprime sa frustration face à la situation, déclarant qu’elle hésite à investir dans des entreprises américaines en raison de l’instabilité perçue. Elle insiste sur l’importance de la diversification et souligne les risques inhérents à la dépendance à l’égard d’un seul marché.

Bien que le magasin de Mme Goodman présente une variété de produits fabriqués au Canada, un cinquième de son stock provient des États-Unis. Consciente de l’évolution de la situation, elle évalue avec prudence ses futures commandes et promeut les produits canadiens par le biais de sections dédiées dans ses magasins et sur sa plateforme en ligne.

La relocalisation, une tendance mondiale

Cette évolution vers le reshoring s’aligne sur une tendance mondiale induite par des événements géopolitiques récents tels que le conflit en Ukraine et les attaques des Houthis au Yémen. Le reshoring, l’inverse de la délocalisation, consiste à ramener les opérations commerciales sur le territoire national. Sandra Pupatello, éminente dirigeante d’entreprise canadienne et nouvellement nommée sénatrice, plaide en faveur de la délocalisation en tant que stratégie vitale pour renforcer la résilience.

Mme Pupatello cite la pandémie de COVID-19, qui a révélé les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement mondiales, en particulier lorsque le fabricant américain de masques 3M a été contraint d’interrompre ses exportations vers le Canada et l’Amérique latine. Cet incident a renforcé la conviction de Mme Pupatello que le Canada devait se préparer à d’éventuelles perturbations. Elle a créé Reshoring Canada, un groupe non partisan qui promeut la résilience de la chaîne d’approvisionnement nationale.

Les entreprises canadiennes ouvrent la voie

Bien que les rapports officiels fassent état d’un nombre limité de délocalisations à grande échelle au Canada, les tensions commerciales actuelles pourraient accélérer cette tendance. Ray Brougham, fondateur de Rainhouse Manufacturing Canada, une entreprise basée en Colombie-Britannique qui fournit des pièces à diverses industries, a constaté un intérêt accru de la part des entreprises canadiennes de pièces automobiles qui cherchent à collaborer plus étroitement avec des fournisseurs nationaux.

Ray Brougham estime que le reshoring offre des avantages significatifs, notamment le soutien aux petites entreprises, la garantie de salaires équitables et la réduction de l’impact environnemental associé au transport maritime international. Graham Markham, directeur d’un fournisseur du secteur alimentaire, souligne la valeur de la transformation des matières premières au niveau national. Son entreprise, New Protein International, construit la première usine de fabrication de protéines de soja du Canada en Ontario, afin de tirer parti de la position du pays en tant que grand exportateur de soja.

Mise en garde économique

L’économiste Randall Bartlett reconnaît l’importance croissante de la délocalisation, mais souligne que les preuves concrètes d’une réorganisation à grande échelle de la chaîne d’approvisionnement restent limitées. Il souligne les défis financiers et logistiques considérables qu’implique le démêlage d’industries hautement intégrées telles que la fabrication automobile.

M. Bartlett suggère que la diversification des partenaires commerciaux du Canada et la concentration sur les secteurs où le pays dispose d’un avantage comparatif, tels que les énergies renouvelables et la transformation de l’acier et de l’aluminium, pourraient constituer des approches plus pratiques qu’une campagne de délocalisation à grande échelle.

Impact du commerce mondial sur les achats et les ventes

Chez Au Lit Fine Linens, Joanna Goodman fait face à l’incertitude avec un optimisme prudent. Elle continue d’honorer les commandes en provenance des États-Unis tout en surveillant de près l’évolution de la situation commerciale. L’avenir du « Made in Canada » reste flou et dépend de la trajectoire du commerce mondial et des relations politiques. De nombreuses entreprises canadiennes, comme celle de Mme Goodman, attendent d’y voir plus clair avant de prendre des décisions définitives en matière d’approvisionnement, de vente et de définition de leur empreinte manufacturière nationale.

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