Les chiffres de l’inflation américaine sont tombés: il y a une bonne et une mauvaise nouvelle

8,3%. L’indice des prix à la consommation s’est légèrement tassé aux États-Unis pour le mois d’avril. Certains économistes y voient un point de basculement. Mais cette baisse est moins importante que prévu et de nouveaux nuages sombres planent sur l’économie.

Le Bureau of Labor Statistics a remis son nouveau rapport sur l’inflation américaine ce mercredi. L’indice des prix à la consommation a atteint les 8,3 % (en glissement annuel) en avril. Il s’agit d’une baisse par rapport au mois précédent où l’inflation pointait à 8,5%.

Le verre à moitié plein

Sur une base mensuelle, l’indice des prix à la consommation a toutefois augmenté de 0,3 % le mois dernier, mais c’est la plus faible hausse depuis août dernier. Et c’est une nette différence avec la hausse du mois de mars qui était de 1,2%, et qui représentait la plus grosse progression depuis 2005.

Ce fléchissement de l’inflation pourrait être le point départ d’un retour à la normale, prédisent certains économistes. À mesure que les effets de la guerre en Ukraine s’estomperont, que la chaine d’approvisionnement se renforcera et que l’offre parviendra enfin à rencontrer la demande, l’inflation devrait aller décrescendo. Toutefois, même dans le meilleur des cas, un retour à la normale autour des 2% n’est pas attendu avant 2023-2024. Tout dépendra également de l’ampleur et de la durée de la réponse de la Réserve fédérale américaine.

Le verre à moitié vide

L’inflation américaine a une nouvelle fois franchi la barre des 8 %. Et il s’agit du septième mois consécutif avec une inflation supérieure à 6%. Oui, l’inflation s’est légèrement affaiblie par rapport à mars, mais elle reste supérieure aux prévisions. Les économistes tablaient sur une dépréciation monétaire de 8,1 %.

L’inflation s’infiltre de plus en plus dans d’autres produits. L’inflation de base, qui exclut les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, s’est établie à 6,5 % en avril. Ce chiffre est lui aussi supérieur aux attentes des économistes. Ils s’attendaient à ce que l’inflation de base soit de 6 %. Sur une base mensuelle, l’inflation de base a augmenté encore plus rapidement en avril (+0,6 pour cent) qu’en mars (+0,3 pour cent).

Les investisseurs sont inquiets

Le chiffre de l’inflation, plus élevé que prévu, inquiète les investisseurs. Tant que l’inflation restera élevée, la Réserve fédérale devra prendre des mesures drastiques pour faire face à la hausse des prix. La semaine dernière, la banque centrale américaine a annoncé une hausse des taux d’intérêt de 50 points de base. Jerome Powell, le président de la Fed, a déclaré ensuite lors d’une conférence de presse qu’il était probable qu’il augmente les taux d’intérêt au même rythme dans les mois à venir. En outre, le régulateur commencera à réduire son bilan à partir de juillet, ce qui fera augmenter les taux d’intérêt à long terme.

Les marchés financiers ont été en ébullition ces derniers jours. Depuis hier, un modeste mouvement de reprise était en cours, mais tous les indices boursiers américains et en particulier le Nasdaq ont pris très cher depuis le début de l’année.

Retour à la normale pour quand ?

Car il ne faut pas l’oublier: l’inflation précédait la guerre en Ukraine, qui est en fait une simple couche de plus. La pandémie a déclenché des plans de relance monstres, injectant des milliers de milliards dans l’économie à très peu de frais. On sait aujourd’hui que cet argent presque gratuit a été l’un des moteurs de l’inflation en 2021 et début 2022. Ensuite, c’est la chaîne d’approvisionnement qui s’en est mêlée suite à la reprise: l’offre ne pouvait plus suivre la demande, faisant exploser les prix.

Le retour du Covid en Chine, qui entraine de nouveaux lockdowns, et l’incertitude du conflit en Ukraine pour les prix de l’énergie, pourraient refaire basculer l’inflation à la hausse. D’autant que l’inflation touche beaucoup de secteurs: les tarifs aériens, l’hôtellerie, la hausse des loyers, des prix de l’immobilier, des véhicules automobiles. Sans oublier la hausse des salaires qui est à la fois la cause et la conséquence de l’inflation.

En Europe, la Banque de France s’attend à un retour à la normale en 2024 dans la zone euro (inflation de 7,5% le mois dernier), alors que de plus en plus de voix s’élèvent au sein même de la BCE pour qu’elle agisse enfin. En Belgique aussi, l’inflation montre des signes de ralentissement, mais l’impact réel de l’inflation doit encore se faire largement sentir, notamment pour les entreprises.

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