En 2020, tout le monde était captivé par le coronavirus et le testing. En 2021, toute l’attention se porte sur les vaccins. Curieusement, des pays qui ont obtenu d’excellents résultats l’an dernier pour contenir la pandémie échouent aujourd’hui dans leur programme de vaccination. Cela pourrait avoir des conséquences économiques très inattendues.
Les vainqueurs de 2020: l’Asie et de l’Océanie
L’année dernière, de nombreux Américains et Européens ont regardé avec envie la situation dans des pays tels que la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Les trois derniers en particulier étaient des exemples mondiaux de la manière dont on pouvait contrôler une pandémie de façon non dictatoriale. La situation est devenue encore plus douloureuse lorsqu’il s’est avéré que ces pays ont pu fêter Noël et le Nouvel An en famille, tandis que les Européens occidentaux sont restés seuls. Le contraste ne pouvait être plus grand. Mais Noël 2021 pourrait être très différent.
L’échappée de 2021: les États-Unis, le Royaume-Uni et Isräel
Chez Business AM, nous ne sommes pas les derniers à avoir souligné que certains pays ont bien mieux géré le déploiement de la vaccination que la Belgique et que bon nombre d’autres pays européens. Le Royaume-Uni, les États-Unis et Israël ont considéré qu’il s’agissait d’une sorte d’exercice militaire, avec ses échéances et ses objectifs. Et ils ont accompli cette mission avec succès.
Le peloton de 2021: la Belgique et les pays européens méritants
Les programmes de vaccination ont démarré un peu plus tard en Europe, mais ils atteignent maintenant leur vitesse de croisière. Nous sommes encore loin derrière les leaders, mais il est frappant de constater que les pays européens sont en tête de peloton. Ils font mieux que tous les autres continents et beaucoup mieux que l’Asie et l’Océanie.
Le gruppetto de 2021: Taïwan, Australie et Nouvelle-Zélande
En cyclisme, le gruppetto est composé de cyclistes qui vont un peu moins vite que les favoris et qui veulent quand même arriver dans le délai imparti. On peut dire sans se tromper que les stars de 2020 s’y retrouvent cette année. Le taux de vaccination dans ces trois pays est incroyablement bas.
Lorsque vous avez l’occasion de déguster un repas en terrasse, la nécessité d’une vaccination semble soudain bien lointaine. Alors qu’ici, en Europe, nous sommes devenus paranoïaques quant au taux de vaccination. Tout journal et site web qui se respecte consacre au moins 70% de ses nouvelles à la Sainte Trinité : corona, vaccins et lockdown. Pour beaucoup d’Asiatiques et d’Océaniens, ces éléments étaient bien loin, surtout ces derniers mois.
Le monde à l’envers
Le danger est que cette inertie se retourne contre eux à l’automne, lorsque – si tout se passe comme prévu concernant l’approvisionnement – les économies américaine et européenne seront à nouveau ouvertes.
Nous nous retrouverons alors dans une situation très particulière où les pays les plus touchés ne pourront pas voyager dans les pays les moins touchés, non pas parce qu’ils n’ont pas été vaccinés, mais parce que leurs populations ne sont pas immunisées. Les leaders deviendront ainsi les suiveurs.
L’impact sur l’économie mondiale
Cependant, les chiffres du premier trimestre laissent penser que tout va bien. La reprise est très forte à l’autre bout du monde. En mars 2021, la production chinoise était supérieure de 18,5 % à celle de mars 2020, bien qu’il s’agisse d’un point de comparaison très bas. Toutefois, un certain nombre de facteurs laissent penser que l’automne 2021 sera un peu plus complexe pour les pays d’Asie-Pacifique.
Certains pays sont très dépendants du tourisme international. La Nouvelle-Zélande, par exemple, dépend à près de 20% du tourisme. Vous ne pouvez pas imaginer qu’elle puisse rouvrir si tout la la population n’est pas vaccinée.
La prise de conscience qui s’est faite dans de nombreuses entreprises – à savoir que la mondialisation et le commerce international se sont effondrés – va également se faire sentir progressivement. Il ne s’agit pas seulement d’une demande des consommateurs d’acheter des produits locaux – ce que l’on appelle la chaîne courte – mais c’est aussi une question de bon sens économique quand on voit comment les frais de transport ont explosé et comment les salaires ont augmenté en Asie.
En outre, les spéculateurs sous-estiment l’importance du contact humain. Si cette situation perdure et qu’il reste pratiquement impossible de visiter des usines en Chine ou dans d’autres pays d’Asie, cette tendance au ‘rehorsing’, c’est-à-dire au retour de la production dans son propre pays, ne fera que se renforcer. Si l’on ajoute à cela la rhétorique constante du président chinois Xi Jinping, qui prône une nouvelle guerre froide, nous pourrions être surpris lorsque l’Occident commencera à rattraper son retard à l’automne.
NB: L’auteur est lui-même actionnaire d’une entreprise qui a décidé de se retirer de Chine et de lancer sa production en Europe, car il est pratiquement impossible d’entrer dans le pays et le contrôle de la qualité ne peut être garanti.
L’auteur, Xavier Verellen, est actif dans le secteur de ‘l‘Internet of Things’. Son premier livre, Human Park, sera bientôt publié.
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Opinion de Xavier Verellen: