Les agriculteurs exhortent l’UE à effectuer des stocks alimentaires face à la crise

Les producteurs agricoles et les députés français s’inquiètent d’une chute des prix et de la destruction de certains produits alimentaires face à l’épidémie de coronavirus. Ils demandent donc à la Commission européenne de mettre en place des stocks alimentaires, rapporte Euractiv.

Les tensions s’avivent sur les marchés agricoles face à la crainte grandissante d’une pénurie de certains produits et d’excédents alimentaires. Une épée de Damoclès qui plane sur de nombreuses exploitations agricoles européennes.

‘Certains produits agricoles seront bientôt excédentaires parce qu’ils ne peuvent être transportés ou vendus. Il est urgent et essentiel que l’Europe accélère la constitution de stocks alimentaires comme le prévoit la réglementation européenne’, demande l’eurodéputé socialiste français Eric Andrieu à la Commission.

Interruption de la distribution

Cette réglementation à laquelle il fait référence pourrait bien empêcher l’effondrement des prix de certaines denrées alimentaires en pénurie ou en demande sur le marché de la restauration. Une conséquence de la fermeture des marchés alimentaires français le 23 mars dernier et à celle des restaurants dans la majorité des pays européens.

Si les agriculteurs se mobilisent localement pour vendre leurs produits, ‘nous ne pourrons toutefois pas trouver de débouchés pour tout’, a alerté Christian Lambert, président de la principale organisation syndicale agricole française, la FNSEA. Celle-ci a demandé au ministre français de l’Agriculture Didier Guillaume de relayer la demande de création de stocks alimentaires à l’échelle européenne. Actuellement, il ne l’a fait que pour le lait et la viande.

C’est donc loin d’être suffisant pour l’eurodéputé Eric Andrieu. ‘L’Europe peut et doit apporter une aide aux producteurs et aux industriels qui mettent en stock des produits qui ne trouvent pas preneur. Cela permettrait d’éviter l’ultra-saturation du marché et les conséquences catastrophiques d’une telle situation, avec des prix totalement instables, une grande précarité pour les producteurs et aussi un immense risque de gaspillage alimentaire’, a-t-il prévenu.

Graves déséquilibres

‘Les outils existent, l’OCM [organisation commune des marchés des produits agricoles] offre plusieurs mécanismes que la Commission européenne peut activer en cas de graves déséquilibres du marché. C’est en effet le cas de la situation actuelle, qui répond malheureusement à tous les critères : elle n’était ni prévisible ni intrinsèque au secteur agricole’, déplore aussi la FNSEA.

Fin mars, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tirait la sonnette d’alarme sur une possible crise alimentaire globale due à la pandémie de coronavirus. Le secteur agricole avait déjà demandé à la Commission de prendre ‘toutes les mesures possibles pour éviter une rupture d’approvisionnement et une flambée des prix’. L’entendra-t-il cette fois?

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