Fondée en janvier de cette année, la jeune ‘legal tech’ ambitionne de devenir à court terme l’alternative 100% digitale numéro 1 en matière de succession en Belgique, avant de s’attaquer au marché européen. Pour y parvenir, la start-up annonce ce mardi être parvenue à lever 125.000 euros.
‘Dans le cadre du deuil et de la succession, il y a une situation monopolistique de fait qui, légalement, est injustifiée: c’est le passage chez le notaire’, explique le CEO et cofondateur de Legacio, François Kiesecoms, dans une interview accordée à BusinessAM. ‘Pourtant, la déclaration de succession qui doit être remise au fisc n’est pas un acte notarié. Nous y avons vu une incohérence et c’est sur cette base qu’est né Legacio.’
La jeune entreprise se revendique comme étant le premier bureau successoral à proposer un service 100% à distance dans la prise en charge de toutes les démarches liées à la transmission d’un héritage. ‘Les héritiers n’ont jamais à se déplacer, nous faisons tout par vidéoconférence ou e-mail, sans devoir passer par un notaire’, assure le patron de Legacio. Toutefois, si un dossier s’avère trop complexe d’un point de vue légal, financier ou humain, la jeune pousse préfère rediriger ses clients vers une étude notariale.
Une prise en charge de A à Z
Très concrètement, Legacio s’engage à prendre en charge toutes les démarches successorales, ‘afin que nos clients puissent se centrer sur l’essentiel, c’est-à-dire leur famille’, poursuit François Kiesecoms. ‘Le client nous signe un mandat électronique et à partir de là nous nous occupons de tout de A à Z et nous le tenons informé de l’avancement des démarches.’
Si la rédaction de déclarations de succession et le déblocage des comptes bancaires constituent les deux principales missions de Legacio, la firme fournit également un accompagnement dans les autres démarches à entreprendre, comme les instances à prévenir, les contrats à résilier, les réseaux sociaux à gérer, etc. Une estimation des impôts dont il faudra encore s’acquitter auprès de l’administration fiscale est aussi fournie.
‘Nous faisons économiser en moyenne 1.500 euros de frais notariés’
Au niveau de ses tarifs, Legacio s’engage à remettre, dès le début des démarches, un devis avec un prix fixe qui ne dépend pas du montant de l’héritage. Le forfait le moins cher commence à partir de 860 euros, mais ce montant peut grimper en fonction de la complexité du dossier, notamment s’il y a des actifs à l’étranger. ‘En moyenne, nous faisons économiser 1.500 euros de frais notariés par succession à nos clients. Et plus l’héritage est grand, plus nous faisons économiser de l’argent’, assure le patron de la ‘legal tech’.
Comment la firme y parvient-elle? ‘En adoptant une approche plus moderne à la déclaration de succession’, détaille François Kiesecoms. ‘Toutes les tâches qui sont à faible valeur ajoutée pour le client sont automatisées: procuration signée électroniquement, formulaires générés automatiquement, etc. Nous nous efforçons de mettre la technologie au service de l’humain afin de permettre à nos juristes de se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire la relation client et l’expertise successorale.’
‘La crise du Covid a accéléré la transformation du marché’
Mais les défis à relever ne manquent toutefois pas pour la jeune start-up. François Kiesecoms en identifie deux en particulier. ‘Évangéliser le marché – tout le monde pense qu’il faut passer chez un notaire, alors que ce n’est pas indispensable – et parvenir à créer un service innovant dans un marché cadenassé.’ Pour illustrer ce dernier point, l’entrepreneur cite notamment le fait qu’il arrive que les banques ou les administrations, par manque d’habitude, refusent une procuration signée par les clients de Legacio. ‘Ce n’est jamais bloquant pour un dossier, mais cela nous demande de fournir un effort supplémentaire injustifié.’
Par contre, la crise du coronavirus, qui fait pourtant très mal à un grand nombre d’entreprises, ne constitue pas un défi majeur pour la jeune pousse, que du contraire. ‘Nous avons plutôt vu cela comme une opportunité’, confirme le jeune entrepreneur. ‘L’influence du Covid a eu un impact positif sur la digitalisation à tous les niveaux. Même les personnes les plus âgées sont aujourd’hui amenées à réaliser des démarches à distance. La crise a clairement accéléré la transformation du marché.’
Le Newpharma du notariat
Les trois associés – François Kiesecoms, Killian Geleyn et Boris de Vleeschouwer – et les deux juristes employés par Legacio gèrent actuellement une dizaine de dossiers de succession par mois, mais la start-up ambitionne de passer à une centaine dès la fin de l’année prochaine, ainsi que de devenir le leader la succession en Belgique à cet horizon.
La levée de fonds de 125.000 euros que vient de boucler la jeune pousse doit l’aider à atteindre ces objectifs ambitieux. Comment? ‘En engageant des juristes supplémentaires afin de se développer en Flandre, en investissant dans le marketing pour gagner en notoriété ou encore en créant des partenariats multi-secteur avec des banques, des pompes funèbres et des assurances’, passe en revue le CEO de Legacio.
Mais au-delà de l’argent, ce que recherchaient surtout les fondateurs de Legacio, c’était à ‘créer une équipe qui allait nous poser les bonnes questions, nous challenger et nous aider à relever nos défis’, souligne François Kiesecoms. Plusieurs entrepreneurs chevronnés ont ainsi accordé leur confiance et leur expertise à Legacio, dont Michael Vandenhooft, co-fondateur de Newpharma.
‘Si l’on prend l’exemple de Newpharma, qui aurait imaginé il y a 10 ans commander des produits de pharmacie en ligne? Et bien, nous pensons qu’il se produira exactement la même chose avec le notariat.’
À partir de 2022, les ambitions de Legacio se porteront sur l’international et la diversification des services proposés. C’est pourquoi une nouvelle levée de fonds devrait alors avoir lieu. ‘Pour nous permettre de créer une marque de référence en France, aux Pays-Bas et en Allemagne, et pour toutes les démarches qui sont liées à l’après décès, mais aussi à l’avant, avec notamment les assurances obsèques ou les testaments’, conclut François Kiesecoms.
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