Le site web inexistant à 700 000 euros de la Chambre : « Il est temps d’ouvrir les livres de comptabilité »

Le coût initial du nouveau site web de la Chambre avait été estimé à 159.000 euros. Six ans plus tard, ce prix est plus de quatre fois supérieur et le site n’a toujours pas été délivré. Ivan Van de Cloot, professeur d’économie à l’Antwerp Management School, revient pour nous sur un couac typiquement belge dans l’émission The Morning Drive de Business AM.

Dans l’actualité : Le professeur Van de Cloot appelle la Chambre à plus de transparence.

Quiconque s’est déjà rendu sur le site lachambre.be fait un voyage gratuit dans le temps, au début des années 2000. En 2017, la Chambre a pourtant décidé de le moderniser et a chargé la Smals, un organisme public qui gère les traitements informatiques de l’État, de réaliser les travaux. Coût estimé : 159.000 euros. 6 ans, et des coûts de développement et de maintenance plus tard, le projet est désormais abandonné par la Smals. Entretemps, toujours pas de site et une facture de 699.258 euros, révélait HLN la semaine dernière.

  • « Je pense qu’il s’agit d’une question de transparence. Nous savons qu’il y a en fait très peu de transparence à la Chambre sur les coûts et sur la structure. Les personnes qui ont essayé d’y voir plus clair par le passé en sont généralement revenues avec une douche froide », explique M. Van de Cloot.
  • « Je pense que le moment est venu d’ouvrir les livres de comptabilité, et c’est ce que nous voulons faire. La Chambre a ordonné un audit de la gestion de ses propres structures. »
  • « Ce n’est pas de la bonne gouvernance. Ce site web a été commandé en 2017, il est possible que cette commande ait très difficile à réaliser, mais alors, vous n’attendez pas sept ans (sic) pour rendre un avis négatif. Ils auraient dû ajuster cela beaucoup plus rapidement en cours de route, pendant toutes ces années », a déclaré le professeur.

Une culture de l’entre-soi

  • « Nous venons également d’être confrontés à la question des pensions illégalement distribuées, là-aussi sur base d’un accord interne au sein du bureau de la Chambre. Je pense qu’il devrait y avoir plus de transparence et que davantage de personnes extérieures devraient être impliquées afin que cette culture de l’entre-soi disparaisse », estime M. Van de Cloot.
  • « Il faut accepter qu’à notre époque, il y ait un peu plus d’informations externes sur les activités du parlement. »

Des questions se posent aussi quant à l’attribution de ce contrat. La Smals est une organisation publique.

  • « L’attribution du contrat à la célèbre Smals, qui a également été sollicitée pour créer l’application COVID, est entre les mains du gouvernement. Il s’agit donc à nouveau d’un peu du phénomène d’entre-soi ».
  • « Il y a toujours des discussions sur la question de savoir si c’est acceptable qu’une organisation interne soit autorisée à faire cela. Ne devrait-il pas y avoir plus de concurrence, comme c’est normalement le cas, et des règles du jeu équitables pour les autres acteurs ? »

Paradoxe

  • « C’est le paradoxe de la Chambre. Elle est elle-même l’arbitre ou le contrôleur de l’État. Cela ne veut pas dire que la Chambre ne doit pas apprendre à se faire aider. Même dans d’autres dossiers, elle ne dispose pas toujours de toutes les connaissances en interne, elle doit demander conseil et s’adjoindre l’expertise de ceux qui sont les plus à même de le faire », poursuit M. Van de Cloot. « Et c’est là que les choses tournent souvent mal », conclut le professeur.

BL

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