Principaux renseignements
- Les Ukrainiens vivant en Pologne déclarent avoir été victimes d’abus dans les transports publics et de harcèlement dans les écoles.
- Une partie de la population polonaise fait preuve d’hostilité envers les réfugiés ukrainiens, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur des services.
- L’élection présidentielle a été politisée, certains candidats s’opposant ouvertement à l’Ukraine ou prônant un accord avec le Russe Vladimir Poutine.
Les Ukrainiens vivant en Pologne signalent une inquiétante augmentation des sentiments anti-ukrainiens. Beaucoup affirment être victimes de mauvais traitements dans les transports publics, de harcèlement à l’école et de haine en ligne. Les tensions se sont intensifiées avec l’approche des élections présidentielles en Pologne. Des dizaines de citoyens ukrainiens ayant parlé à la BBC expriment leur inquiétude face à une atmosphère de plus en plus hostile, se manifestant dans les interactions quotidiennes et les confrontations publiques.
L’évolution de l’opinion publique
Après la vague initiale de soutien aux réfugiés ukrainiens après le début de l’invasion en 2022, un changement s’est produit. Natalia Panchenko, directrice de la fondation « Stand with Ukraine », observe que si de nombreux Polonais éprouvent encore de la sympathie pour les Ukrainiens, une partie de la population fait désormais preuve d’hostilité à leur égard. Cette négativité se manifeste par des insultes à l’encontre des Ukrainiens, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur des services.
Panchenko souligne que les réfugiés ukrainiens sont souvent profondément traumatisés par la guerre et qu’ils doivent faire face à des difficultés supplémentaires en raison de ces préjugés. Les recherches menées par le Centre CBOS confirment le déclin du soutien public à l’accueil des réfugiés ukrainiens. Un sondage réalisé en mars 2025 a révélé que seuls 50 pour cent des Polonais étaient favorables à leur accueil, contre 81 pour cent il y a deux ans.
L’impact de l’élection
La question des réfugiés ukrainiens s’est politisée à l’occasion de cette élection présidentielle cruciale. Le candidat d’extrême droite Slawomir Mentzen s’oppose ouvertement à l’Ukraine et prône un accord avec le Russe Vladimir Poutine. Karol Nawrocki, un autre candidat, s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN et à l’aide financière aux réfugiés, tout en soutenant l’effort de guerre.
Rafal Trzaskowski, le favori, est le candidat le plus pro-ukrainien, mais il a atténué son soutien pour attirer un électorat plus large. L’analyste politique Marcin Zaborowski attribue ce changement à l’évolution du sentiment du public à l’égard des réfugiés ukrainiens.
La montée du sentiment anti-ukrainien coïncide avec une augmentation des campagnes de désinformation russes visant la Pologne. Michal Marek, qui dirige une ONG surveillant la désinformation, identifie des thèmes communs : Les Ukrainiens volent les fonds polonais, manquent de respect à la culture polonaise et sont responsables de la guerre. Cette propagande provient de plateformes en langue russe, puis est traduite et diffusée dans les espaces en ligne polonais.
Marek établit un lien direct entre cette désinformation et l’hostilité croissante à l’égard des Ukrainiens en Pologne, et craint qu’elle n’influence les habitudes de vote lors des prochaines élections.
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